Maria Chapdelaine : récit du Canada français . semblait poursuivre avec son dieu un dialoguemuet, disant: —Vous mavez donné le don de guérir lesos brisés, et jai guéri; mais vous ne mavezpas donné le don de guérir les maux commeceux-ci : alors je suis obligé de laisser cettepauvre femme mourir. Pour la première fois les marques profondesque la maladie avait creusées sur le visage dela mère Chapdelaine parurent à son mari et àses enfants être autre chose que des signespassagers de douleur: lempreinte définitive dela dissolution qui venait. Les soupirs profonds,et en vérité pareils à des râles,


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . semblait poursuivre avec son dieu un dialoguemuet, disant: —Vous mavez donné le don de guérir lesos brisés, et jai guéri; mais vous ne mavezpas donné le don de guérir les maux commeceux-ci : alors je suis obligé de laisser cettepauvre femme mourir. Pour la première fois les marques profondesque la maladie avait creusées sur le visage dela mère Chapdelaine parurent à son mari et àses enfants être autre chose que des signespassagers de douleur: lempreinte définitive dela dissolution qui venait. Les soupirs profonds,et en vérité pareils à des râles, qui sortaient deson gosier, devinrent non plus une expressionconsciente de souffrance, mais la dernière pro-testation instinctive dun organisme que déchi- 212 M A E I A C H A P D E L A I N E rait lapproche de la mort. Et une peur nou-velle leur vint à tous, presque plus forte queleur peur de la perdre. —Vous ne pensez pas quelle va mourir avantque M. le curé revienne ? demanda Maria. TitSèbe eut un geste ...ça commençait à ressembler aux vieilles paroisses où elle avait —Je ne peux pas Si votre cheval nestpas trop fatigué, vous feriez bien daller le cher-cher dès quil fera jour. Les regards se tournèrent vers la fenêtre,qui nétait encore quune plaque noire, et de là MAEIA CHAPDELAINE 213 revinrent vers la malade. Une femme forte etcourageuse, qui avait toute sa santé et toutesa connaissance cinq jours plus tô Sûrementelle nallait pas mourir aussi vite que , maintenant quils savaient lissue triste etinévitable, chaque coup dœil révélait un chan-gement subtil, quelque signe nouveau qui faisait


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