. Gazette des beaux-arts . « maîtres de la curiosité », comme les appelle très-bien M. Havard, sétaient donnéla mission de reconstituer, de réhabiliter lart dune époque disparue et considérée avanteux comme barbare. En embrassant le moyen âge et la Renaissance, ils sétaient donnéun cadre assez vaste pour quon ne les puisse pas blâmer de sy être enfermés. Habi-tués dailleurs à la fréquentation des belles œuvres de cette époque, un peu de dédainpour des productions dun art évidemment moins élevé ne leur serait-il pas permis? HISTOIRE DE LA FAÏENCE DE DELFT. 485 Pour notre part, nous le confesson
. Gazette des beaux-arts . « maîtres de la curiosité », comme les appelle très-bien M. Havard, sétaient donnéla mission de reconstituer, de réhabiliter lart dune époque disparue et considérée avanteux comme barbare. En embrassant le moyen âge et la Renaissance, ils sétaient donnéun cadre assez vaste pour quon ne les puisse pas blâmer de sy être enfermés. Habi-tués dailleurs à la fréquentation des belles œuvres de cette époque, un peu de dédainpour des productions dun art évidemment moins élevé ne leur serait-il pas permis? HISTOIRE DE LA FAÏENCE DE DELFT. 485 Pour notre part, nous le confessons, en face des délicatesses exquises des faïencesdOiron, de lélégance magistrale de Palissy, de lidéale suavité des Délia Robbia,nous nous expliquons et nous pardonnons un peu de froideur pour les produits hol-landais. Ce dédain dailleurs, sil a existé, natteignait pas seulement les faïences de Delft;sauf quelques rares pièces de Nevers et de Rouen, les produits français des époques. PLAT, DÉCOR POLYCHROMI (Collection de M. A. Pannier.) correspondantes nétaient pas traités avec plus de faveur. Ces amateurs de la veille necroyaient pas avoir à se préoccuper dun lendemain qui était réservé à dautres. Qui dailleurs songeait alors à Delft et à ses faïences? Les Hollandais eux-mêmesles avaient oubliés. Albert Jacquemart raconte que, dans un voyage quil fit en Hol-lande en 1832, il ne rencontra pas une collection de faïences, et que le nom de Delftprononcé par lui « suscitait plus détonnement que denthousiasme ». Et il ajoute :« Cest la curiosité moderne qui a fait remettre en lumière les monuments oubliés. »Rien de plus vrai. On peut avancer sans témérité que si lattention navait pas été Ii86 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. appelée par ceux qui nous ont précédés sur les merveilles céramiques dun autre âge,Delft aurait eu bien des chances de rester dans lobscurité. Soyons justes, soyons francs, nous tous qui avons co
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