Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . yeux et reconnut le fils Michaut, unimmense cuirassier en permission depuis quel-ques jours. Lun et lautre essayèrent de secéder le pas, mais sans y parvenir. Quand lenotaire allait à droite, le fils Michaut se diri-geait vers la droite, et plusieurs fois ils opérè-rent le même manège. Néanmoins, le filsMichaut finit par ne plus bouger, et le notaireput continuer son chemin, poursuivi par lecraquètement sec des basanes du soldat. Cinq minutes après, M. Rozes sonnait à uneporte où, sur une plaque de cuivre, on pouvaitlire : Pédoussault, docteur-médecin,


Benjamin Rozes : nouvelle naturalistes . yeux et reconnut le fils Michaut, unimmense cuirassier en permission depuis quel-ques jours. Lun et lautre essayèrent de secéder le pas, mais sans y parvenir. Quand lenotaire allait à droite, le fils Michaut se diri-geait vers la droite, et plusieurs fois ils opérè-rent le même manège. Néanmoins, le filsMichaut finit par ne plus bouger, et le notaireput continuer son chemin, poursuivi par lecraquètement sec des basanes du soldat. Cinq minutes après, M. Rozes sonnait à uneporte où, sur une plaque de cuivre, on pouvaitlire : Pédoussault, docteur-médecin, successeurde M. Coquidé. Ce fut Pédoussault, en tablier bleu de jar-dinier, qui vint ouvrir. — Tiens! monsieur enchantéde vous voir !... Et quelle maladie vous amené. BENJAMIN ROZES — Jai quelque chose à vous montrer,répondit le bonhomme. Il était en sueur, touttremblant; des larmes lui montaient aux yeux,mais il se calma, le médecin lui demandait : —Voulez-vous que nous passions dans moncabinet?. — Jallais vous en prier. M. Pédoussault ouvrit une porte, et, quandils eurent pénétré dans une petite pièce, meu-blée seulement dune glace, dune table enacajou, dun fauteuil et dun divan recouvertsde cuir noir, il fit asseoir son client. BENJAMIN ROZES — Eh bien, mon cher monsieur? — Personne ne peut nous entendre? — Personne. — Alors, voilà!... Soyez sans inquiétude,il y avait une source, jai pris soin de le laver. Le notaire farfouilla un instant les pochesde sa redingote, puis, avec mille soins, en tirason mouchoir, quil déploya, les mains ner-veuses, sur un des coins de la table. — Regardez, murmura-t-il. M. Pédoussault se pencha. Cétait un jeunehomme à lair vieux, blond, sans barbe, etlongtemps il sabîma dans une muette contem-plation. Des moutons, au loin, poussaient desvagissements. Un bourdon égaré piquait destête contre la glace. A son tour, M. Rozes demanda : — Eh bien? — Cest vous qui avez fait ça ?


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