. Contes roses . Ils traversèrent la muraille de feu qui sécarta delle-même pourles laisser passer, et par les chambres dor, de vermeil et dargent,arrivèrent enfin à la cour où gisait le corps immense du dragon. Là encore, il fallait franchir un ruisseau de sang. Dun geste tout de grâce et de naturel, la petite princesse noua sesbras frêles autour du cou de son guide ravi de cette aubaine. Elle regarda le monstre mort avec une moue de dégoût et deterreur, puis, reportant avec admiration ses yeux sur les traits du jeunehéros, elle le trouva décidément fort beau, et sen réjouit au fond deson cœu


. Contes roses . Ils traversèrent la muraille de feu qui sécarta delle-même pourles laisser passer, et par les chambres dor, de vermeil et dargent,arrivèrent enfin à la cour où gisait le corps immense du dragon. Là encore, il fallait franchir un ruisseau de sang. Dun geste tout de grâce et de naturel, la petite princesse noua sesbras frêles autour du cou de son guide ravi de cette aubaine. Elle regarda le monstre mort avec une moue de dégoût et deterreur, puis, reportant avec admiration ses yeux sur les traits du jeunehéros, elle le trouva décidément fort beau, et sen réjouit au fond deson cœur. Au bord du lac, devant le château, laigle attendait. Jean courut au troupeau, choisit le mouton le plus gros, légorgea. o8 CONTES ROSES DE MA MERE-GRAND. puis sasseyant à côté de sa compagne sur le dos de loiseau, il tendità celui-ci un morceau de chair. Laigle secoua ses plumes et senvola dans la nuit lugubre du puits. A chaque coup dailes, il tournait la tête, et Jean lui fournissait. sa sanglante becquée Lentement, la montée seffec- tuait; elle semblait interminable à Jean, impatient de revoir le jourpour contempler à loisir le visage de sa bien-aimée dont cette ombremaudite lui dérobait la vue. Soudain, alors quils étaient parvenus aux trois quarts de leurascension, Jean saperçut quil lui restait à peine de viande pour dixou douze becquées. Il blêmit. JEAN LOURS. 99 — Madame, dit-il rapidement, le cœur sautant dangoisse, jenaurai bientôt plus rien à donner à laigle, qui, trop chargé sansdoute sous notre double poids, remonte moins vite que de quelques coups dailes et nous sommes perdus! Ecoutez donc,Madame, car je vais mourir et les minutes sont précieuses. Maintenantque la mort va me séparer à jamais de vous, je me sens assez de couragepour vous avouer lamour insensé que, du moment où je vous ai vue,jai osé concevoir pour vous. Pardonnez-moi, Madame, mais vous êtessi belle! Jamais vous nauriez voulu dun êtr


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