Maria Chapdelaine : récit du Canada français . s; la tête unpeu de côté, il souriait poliment, sans ironie nigêne, sous les regards braqués. —Il est venu, continuait son oncle, pour ré-gler les affaires qui restaient après la mortdElzéar et pour essayer de vendre la terre. —Il na pas envie de garder la terre et dese mettre habitant ? interrogea le père Chapde-laine. Lorenzo Surprenant accentua son sourire etsecoua la tête. —Non. Ça ne me tente pas de devenir habi-tant; pas en tout. Je gagne de bonnes gageslà où je suis; je me plais bien; je suis accou-tumé à H sarrêta là, mais lais


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . s; la tête unpeu de côté, il souriait poliment, sans ironie nigêne, sous les regards braqués. —Il est venu, continuait son oncle, pour ré-gler les affaires qui restaient après la mortdElzéar et pour essayer de vendre la terre. —Il na pas envie de garder la terre et dese mettre habitant ? interrogea le père Chapde-laine. Lorenzo Surprenant accentua son sourire etsecoua la tête. —Non. Ça ne me tente pas de devenir habi-tant; pas en tout. Je gagne de bonnes gageslà où je suis; je me plais bien; je suis accou-tumé à H sarrêta là, mais laissa paraître quaprès lavie quil avait vécue, et ses voyages, lexistencelui serait intolérable sur une terre entre unvillage pauvre et les bois. —Du temps que jétais fille, dit la mèreChapdelaine, cétait quasiment tout un chacunqui partait pour les Etats. La culture ne payaitpas comme à cette heure, les prix étaient bas,on entendait parler des grosses gages qui segagnaient là-bas dans les manufactures, et tous. Faire de la terre!... Samuel Chapdelalne en parlait avec uneflamme denthousiasme et dentêtement dans les yeux (page 35). 74 MAEIA CHAPDELAINE les ans cétaient des familles et des famillesqui vendaient leur terre presque pour rien etqui partaient du Canada. Il y en a qui ont ga-gné gros dargent, cest certain, surtout les fa-milles où il y avait beaucoup de filles; mais àcette heure les choses ont changé et on nenvoit plus tant qui sen vont. —Alors vous allez vendre la terre ? —Oui. On en a parlé avec trois Françaisqui sont arrivés à Mistook le mois dernier; jepense que ça va se faire. —Et y a-t-il bien des Canadiens là où vousêtes ? Parle-t-on français ? —Là où jétais en premier, dans lEtat duMaine, il y avait plus de Canadiens que dAmé-ricains ou dIrlandais; tout le monde parlaitfrançais; mais à la place où je reste mainte-nant, qui est dans lEtat de Massachusetts, ily en a moins. Quelques familles tout de


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