Légendes et curiosités de l'histoire . ant. Les deux serviteurs, malgré leur effroi, poursui-vent leur immonde besogne : ils entassent pêle-mêle tous les ossements dans un sac ; quand il estrempli, Hicquet et Henriet Griard le retirent, àlaide de la corde qui a servi à descendre leursdeux complices ; ils amoncellent les restes mutiléssur le pavé de la chambre, tandis que, dun ailimpassible, Gilles surveille leur travail l. Un des acteurs de cette horrible scène recon-naîtra plus tard « avoir trouvé trente-six morts,dont il vit treute-six tètes, qui furent mis en troiscoffres bien liés avec des
Légendes et curiosités de l'histoire . ant. Les deux serviteurs, malgré leur effroi, poursui-vent leur immonde besogne : ils entassent pêle-mêle tous les ossements dans un sac ; quand il estrempli, Hicquet et Henriet Griard le retirent, àlaide de la corde qui a servi à descendre leursdeux complices ; ils amoncellent les restes mutiléssur le pavé de la chambre, tandis que, dun ailimpassible, Gilles surveille leur travail l. Un des acteurs de cette horrible scène recon-naîtra plus tard « avoir trouvé trente-six morts,dont il vit treute-six tètes, qui furent mis en troiscoffres bien liés avec des cordes et (qui furent)menés par eau à Machecoul et non restés à Champ-tocé, parce que ledit sire ny fut quun jour » Un bateau, amarré dans les saules, attendait lemacabre colis ; Gilles y montait avec ses servi-teurs et « le convoi, porté par la rame et le cou-rant, descendait le cours du fleuve, traversant lesbourgs et les villes où, près de leurs foyers dé- ]. Proclt civil, f° 313 (Bossard, 176).. LE LEGENDAIRE BARBE-BLEUE 83 serts, tant de pères et de mères pleuraient leursenfants disparus ». Quelques semaines auparavant, à Machecoul,sur lordre de Gilles de Rays, on avait, durantprès de trois semaines, extrait du fond de latour, située dans la cour du château, dans len-droit le plus retiré, les corps de quatre-vingts en-fants ! Dans la vaste cheminée avaient été placées, surdeux landiers, des bûches longues et grosses etdeux ou trois fagots de bois ; par-dessus, on mitles membres mutilés des victimes, qui furent re-couverts de paille et de feuilles sèches ; puis onalluma le feu. Les flammes consumèrent ces dé-bris informes et les cendres furent jetées dansleau des douves et de létang du manoir. Le ventdispersa ce qui en restait. Ces précautions prises, comment ne pas secroire à labri de limpunité ? Qui, dailleurs, desserviteurs, des amis, des complices, aurait eulaudace délever la voix, pour dénoncer le tout-puis
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