. Le tour du monde : nouveau journal des voyages . beautés dupaysage. Plus loin, je vis un de ces camps volants qui sont lef-froi de la Lorraine. Les paysans appellent ainsi ces fa- milles dAlsaciens, Tziganes de lOccident, qui chaqueannée quittent leur province pour aller vivre au loin,durant tout lété, do mille industries suspectes. Dans une mauvaise voiture, attelée de quelque chosedont Scarron uaurait pas fait lombre dun cheval,sentassent père, mère, enfants diguenillés, demi-nuset saies. Ils y dorment pêle-mêle, les plus jeunes dansdes corbeilles attachées aux ridelles de la voiture, le r


. Le tour du monde : nouveau journal des voyages . beautés dupaysage. Plus loin, je vis un de ces camps volants qui sont lef-froi de la Lorraine. Les paysans appellent ainsi ces fa- milles dAlsaciens, Tziganes de lOccident, qui chaqueannée quittent leur province pour aller vivre au loin,durant tout lété, do mille industries suspectes. Dans une mauvaise voiture, attelée de quelque chosedont Scarron uaurait pas fait lombre dun cheval,sentassent père, mère, enfants diguenillés, demi-nuset saies. Ils y dorment pêle-mêle, les plus jeunes dansdes corbeilles attachées aux ridelles de la voiture, le reste,au fond, dans la paille. Quand on les voit dehors, on necomprend pas comment ils ont pu tous entrer. Le vrai liohéujien garde son cachet dorigine : debeaux traits, un œil noir et profond, une ligure quel-quefois sinistre, mais toujours lair intelligent de cesraces orientales qui conservent, jusque dans la dégra-dation, la majesté de lhomme. Pour les nôtres, la faim,lignorance, le vice flétrissent leurs traits et abêtissent. V i,f\HCELar~^=^ Paysage à Saverne. — Dessin de Lancelot. leurs visages. Un enfant est presque toujours beau;ceux-ci ont déjà tant de ruse dans les yeux ou de mi-sère sur le corps quon souffre à regarder ces figures quine rient jamais, mais qui toujours guettent ce quil yaurait à recevoir ou à prendre. Ils partent quand lherbe a poussé le long des che-mins pour la bête, et losier dans les haies et au borddes ruisseaux pour toute la famille. Leur industrie pa-tente est de faire des paniers et ils y sont fort habiles,mais je doute que jamais marchand dosier leur ait rienvendu, et je ne pense pas que les aliments, sauf le pain,leur coûtent beaucoup plus cher. Ils établissent leurcampement auprès dun village, non au milieu : on lesverrait trop. Le jour, le père fait des corbeilles, tandisque les femmes frappent à toutes les portes pour vendreet mendier. Le soir les enfants vont dans les aubergesfaire des tours dadresse. Mai


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