Le diable amoureux, roman fantastique . n état et monbonheur. Abandonnée dans le vague de Pair àune incertitude nécessaire, sans sensations, sansjouissances, esclave des évocations des cabalistes,jouet de leurs fantaisies, nécessairement bornéedans mes prérogatives comme dans mes con-naissances, balancerais-je davantage sur le choix LE DIABLE AMOUREUX. 97 des moyens par lesquels je puis ennoblir mon es-sence? « Il mest permis de prendre un corps pourmassocier à un sage : le voilà. Si je me réduis ausimple état de femme, si je perds par ce change-ment volontaire le droit naturel des Sylphideset


Le diable amoureux, roman fantastique . n état et monbonheur. Abandonnée dans le vague de Pair àune incertitude nécessaire, sans sensations, sansjouissances, esclave des évocations des cabalistes,jouet de leurs fantaisies, nécessairement bornéedans mes prérogatives comme dans mes con-naissances, balancerais-je davantage sur le choix LE DIABLE AMOUREUX. 97 des moyens par lesquels je puis ennoblir mon es-sence? « Il mest permis de prendre un corps pourmassocier à un sage : le voilà. Si je me réduis ausimple état de femme, si je perds par ce change-ment volontaire le droit naturel des Sylphideset lassistance de mes compagnes, je jouirai dubonheur daimer et dêtre aimé servirai monvainqueur; jelinstruirai de lasublimité de sonêtre dont il igno-re les préroga-tives : il noussoumettra, avecles éléments dontjaurai abandon-né lempire, lesesprits de toutesles sphères. Il est fait pour être le roi du monde,et jen serai la reine, et la reine adorée de lui.« Ces réflexions, plus subites que vous ne pou-# 21. 98 LE DIABLE AMOUREUX. vez le croire dans une substance débarrassée dor-ganes, me décidèrent sur-le-champ. En conser-vant ma figure, je prends un corps de femmepour ne le quitter quavec la vie. « Quand jeus pris un corps, Alvare, je ma-perçus que javais un cœur, je vous admirai, jevous aimai; mais que devins-je, lorsque je ne visen vous que de la répugnance, de la haine! Jene pouvais ni changer, ni même me repentir;soumise à tous les revers auxquels sont sujettesles créatures de votre espèce, métant attiré lecourroux des esprits, la haine implacable des né-cromanciens, je devenais, sans votre protection,lêtre le plus malheureux qui fût sous le ciel : quedis-je? je le serais encore sans votre amour. » Mille grâces répandues dans la figure, laction,le son de la voix, ajoutaient au prestige de cerécit intéressant. Je ne concevais rien de ce quejentendais. Mais quy avait-il de concevable dansmon aventure? Tout ceci me paraît u


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