. La comédie humaine. gure à lame de couteau, froide, âpre, dont le teintressemblait aux eaux de la Seine quand elle est trouble etquelle charrie les charbons de quelque bateau coulé. IIregardait à terre, écoutait et jugeait. Sa pose était là, comme le célèbre balai auquel Decamps adonné le pouvoir accusateur de révéler un crime. Parfois,la marquise essaya durant la conférence dobtenir un avistacite en arrêtant pendant un instant ses yeux sur ce per-sonnage; mais quelque vive que fût la muette interroga-tion, il demeura grave et roide, autant que la statue duCommandeur. Le bon Pop


. La comédie humaine. gure à lame de couteau, froide, âpre, dont le teintressemblait aux eaux de la Seine quand elle est trouble etquelle charrie les charbons de quelque bateau coulé. IIregardait à terre, écoutait et jugeait. Sa pose était là, comme le célèbre balai auquel Decamps adonné le pouvoir accusateur de révéler un crime. Parfois,la marquise essaya durant la conférence dobtenir un avistacite en arrêtant pendant un instant ses yeux sur ce per-sonnage; mais quelque vive que fût la muette interroga-tion, il demeura grave et roide, autant que la statue duCommandeur. Le bon Popinot, assis au bord de sa chaise, en face dufeu, son chapeau entre les jambes, regardait les candé- LINTERDICTION. *53 labres dorés en or moulu, la pendule, les curiosités en-tassées sur la cheminée, létoffe et les agréments de latenture, enfin tous ces jolis riens si coûteux dont sentoureune femme à la mode. II fut tiré de sa contemplationbourgeoise par madame dEspard qui lui disait dune voix. flûtée : — Monsieur, je vous dois un million de remer-cî — Un million de remercîments, se dit le bonhommeen lui-même, cest trop, il ny en a pas un. — Pour la peine que vous — Daignez! pensa-t-il, elle se moque de moi. — Daignez prendre en venant voir une pauvre plaideuse, trop malade pour pouvoir I )4 SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. Ici le juge coupa la parole à la marquise en lui jetantun regard dinquisiteur par lequel il examina létat sani-taire de la pauvre plaideuse. — Elle se porte comme uncharme! se dit-il. — Madame, répondit-il en prenant un air respectueux,vous ne me devez rien. Quoique ma démarche ne soitpas dans les habitudes du Tribunal, nous ne devons rienépargner pour arriver à la découverte de la vérité dansces sortes daffaires. Nos jugements sont alors déterminésmoins par le texte de la loi, que par les inspirations denotre conscience. Que je cherche la vérité dans moncabinet ou ici, pourvu qu


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