Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ées en peau de lièvre, aulieu du chapeau de feutre dur quil eût aiméporter. A côté de lui Egide Simard, et dautres qui,comme lui, étaient venus de loin en traîneau,agrafaient en sortant de léglise leurs grosmanteaux de fourrure quils serraient à la tailleavec des écharpes rouges. Des jeunes gens duvillage, très élégants dans leurs pelisses à colde loutre parlaient avec déférence au vieuxNazaire Larouche, un grand homme gris auxlarges épaules osseuses qui navait rien changépour la messe à sa tenue de tous les jours : vête-ment court de toile brune


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ées en peau de lièvre, aulieu du chapeau de feutre dur quil eût aiméporter. A côté de lui Egide Simard, et dautres qui,comme lui, étaient venus de loin en traîneau,agrafaient en sortant de léglise leurs grosmanteaux de fourrure quils serraient à la tailleavec des écharpes rouges. Des jeunes gens duvillage, très élégants dans leurs pelisses à colde loutre parlaient avec déférence au vieuxNazaire Larouche, un grand homme gris auxlarges épaules osseuses qui navait rien changépour la messe à sa tenue de tous les jours : vête-ment court de toile brune doublé de peau demouton, culottes rapiécées et gios bas de lainegrise dans des mocassins en peau dorignal. —Eh bien, monsieur Larouche, ça marche-t-iltoujours de lautre bord de leau? MAKIA CHAPDELAINE 3 —Pas pire, les jeunesses. Pas pire ! Chacun tirait de sa poche sa pipe et la vessiede porc pleine de feuilles de tabac hachées àla main et commençait à fumer dun air decontentement, après une heure et demie de. Ite missa est. La porte de léglise de Péribonka souvritet les hommes commencèrent à sortir (page 1). contrainte. Tout en aspirant les premièresDouffées ils causaient du temps, du printempsqui venait, de létat de la glace sur le lac Saint-Jean et sur les rivières, de leurs affaires et desnouvelles de la paroisse, en hommes qui ne se 1 MARIA CHAPDELAINE voient guère quune fois la semaine à cause desgrandes distances et des mauvais chemins. —Le lac est encore bon, dit Cléophas Pesant,mais les rivières ne sont déjà plus sûres. Laglace sest fendue cette semaine à ras le bancde sable en face de lîle, là où il y a eu des trouschauds tout lhiver. Dautres commençaient à parler de la récolteprobable, avant même que la terre se fût mon-trée. —Je vous dis que lannée sera pauvre, fitun vieux, la terre avait gelé avant les dernièresneiges. Puis les conversations se ralentirent et lonse tourna vers la première marche d


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