. Contes roses . cela solidement. Il se mit alors à quatre pattes, et, après avoir fait quelques pas etbêlé une fois ou deux, il se prit à rire et demanda au nain stupéfait : — Eh bien, que dis-tu de mon stratagème? Ai-je lair assez béliercomme ça? — Ma foi, de loin, lillusion est complète, mon maître. Létrangepelage dont le Créateur a couvert votre corps, se marie bien avec lalaine noire de cette toison, sauf que votre poil natif est moins long etplus rude. La tête semmanche passablement sur vos épaules, et si je nevous savais un homme, je vous prendrais certes non pour un bélier,mais pour qu
. Contes roses . cela solidement. Il se mit alors à quatre pattes, et, après avoir fait quelques pas etbêlé une fois ou deux, il se prit à rire et demanda au nain stupéfait : — Eh bien, que dis-tu de mon stratagème? Ai-je lair assez béliercomme ça? — Ma foi, de loin, lillusion est complète, mon maître. Létrangepelage dont le Créateur a couvert votre corps, se marie bien avec lalaine noire de cette toison, sauf que votre poil natif est moins long etplus rude. La tête semmanche passablement sur vos épaules, et si je nevous savais un homme, je vous prendrais certes non pour un bélier,mais pour quelque animal moutonnier monstrueux et difforme. — Maintenant, marchons au dragon! dit Jean lOurs. Et, conservant dans la main droite le couteau avec lequel le nainavait coutume dégorger ses élèves, il suivit les doux brebis. JEAN LOURS. 87 Ils arrivèrent dans une vaste cour où le monstre sommeillait, ses liuit têtes posées sur ses nN redoutables pattes grif- -^ fues. 11 avait un corps. cuirassé décaillés épaisses et une énorme queue dont les replis se con-tournaient comme les volutes dun escargot. 88 CONTES ROSES DE MA MERE-GRAND. En apercevant ses victimes, il poussa un long hurlement satisfait,se mit debout, et ouvrit ses huit gueules avec un épouvantable bruitde mâchoires. Jean lOurs, à quatre pattes derrière les brebis, distin-gua alors son ventre qui était jaune dambre, assez semblable de cou-leur à celui dune salamandre. Dun coup dœil, il calcula la place où devait se trouver le cœur. Le dragon savançait, marchant à la façon dun ours, en sedandinant sur son arrière-train massif. Immobiles de peur, les brebis demeuraient stupides, sans mêmechercher à fuir. Derrière elles, Jean attendait. Le monstre, tout aise davoir trois proies à dévorer, résolut daborddimmoler les deux premières et de garder la plus grosse pour dessert;il ne sinquiéta même pas delle, tant il était sûr quelle ne pouvait luiéchapper. Ses pattes sab
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