Oeuvres complètes de Mde Balzac . anube regagna son toit à Blangy,regarda cheoir^ une à une ses illusions, vit sa république finir enqueue dempereur, et tomba dans une complète misère, sous lesyeux de Rigou, qui sut hypocritement ly réduire. Savez-vouspourquoi ? Jamais Jean-François Niseron ne voulut rien accepterde Rigou. Des refus réitérés apprirent au détenteur de la succes-sion en quelle mésestime profonde le tenait le neveu du curé.Enfin ce mépris glacial venait dêtre couronné par la menaceterrible dont avait parlé labbé Brossette à la comtesse. Des douze années de la République française


Oeuvres complètes de Mde Balzac . anube regagna son toit à Blangy,regarda cheoir^ une à une ses illusions, vit sa république finir enqueue dempereur, et tomba dans une complète misère, sous lesyeux de Rigou, qui sut hypocritement ly réduire. Savez-vouspourquoi ? Jamais Jean-François Niseron ne voulut rien accepterde Rigou. Des refus réitérés apprirent au détenteur de la succes-sion en quelle mésestime profonde le tenait le neveu du curé.Enfin ce mépris glacial venait dêtre couronné par la menaceterrible dont avait parlé labbé Brossette à la comtesse. Des douze années de la République française, le vieillardsétait fait une histoire à lui, pleine uniquement des traits gran-dioses qui donneront à ce temps héroïque limmortalité. Lesinfamies, les massacres, les spoliations, ce bonhomme voulaitles ignorer ; il ne voyait que les dévoûments, le Vengeur, les donsà la patrie, lélan du peuple aux frontières, et il continuait sonrêve pour sy endormir. La Révolution a eu beaucoup de poètes r^^^i. IJIP. E. MARTINET. Il ny a pas de plus liomirli limunip. PAYSANS.) LES PAYSANS. 649 semblables au père Nisoron qui chantèrent leur poème aux armées,secrètement ou au grand jour, par des actes ensevelis sous lesvagues de cet ouragan, et comme sous lEmpire, des blessésoubliés criaient : vive lEmpereur ! avant de mourir. Ce sublimeappartient en propre à la France. Labbé Brossette avait respectécette inoftensive conviction. Le vieillard sétait attaché naïve-ment au curé pour ce seul mot dit par le prêtre : « Le Cliristianismeest la vraie république. » Et le vieux républicain portait la croix,et il revêtait la robe mi-parti de rouge et de noir, et il était digne,sérieux à lÉglise, et il vivait des triples fonctions dont lavaitinvesti labbé Brossette qui voulut donner à ce brave homme,non pas de quoi vivre, mais de quoi ne pas mourir de faim. Ce vieillard, liVristide de Blangy, parlait peu, comme toutesles nobles dupes qui s


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