La Lecture . nt les yeux les lignes géométriques des remparts, la masseconfuse des toits et des clochers de Metz que domine lossatureimposante de la cathédrale, qui semblent de loin, parmi lesméandres de la Moselle, quelque ex-voto de siège noué dun blancruban. Aux approches du soir, lon y percevait distinctement les ru-meurs annonciatrices des angélus et les sonneries des trom-pettes. Alors, elle se le rappelait, son père, le capitaine Jean-BaptisteRouchotte, qui avait gagné tousses galons dans les cuirassiers deDupuy-Mont])run, saccoudait sur la nappe, écoutait, avec un vi-sage de nostalgie
La Lecture . nt les yeux les lignes géométriques des remparts, la masseconfuse des toits et des clochers de Metz que domine lossatureimposante de la cathédrale, qui semblent de loin, parmi lesméandres de la Moselle, quelque ex-voto de siège noué dun blancruban. Aux approches du soir, lon y percevait distinctement les ru-meurs annonciatrices des angélus et les sonneries des trom-pettes. Alors, elle se le rappelait, son père, le capitaine Jean-BaptisteRouchotte, qui avait gagné tousses galons dans les cuirassiers deDupuy-Mont])run, saccoudait sur la nappe, écoutait, avec un vi-sage de nostalgie et de dévotion, les chers rythmes inoubliés,avait lair de contempler de ses prunelles fixes, dardées dansle vide, de tragiques tableaux. Et elle nosait pas bouger, interrompre la morne songerie duvétéran, jusquà ce que la campagne redevenue silencieuse, lesdernières vibrations de cuivre dispersées dans la paix des ténè-bres, il fronçât les sourcils, mâchât un juron farouche, grommelât. Lu se penchait sur rùi>ciulj de riiUirmc. (Page 312.) 346 LA LECTURE ILLUSTREE en heurtant à la place du cœur sa veste de futaine râpée quunlarge ruban rouge tachait comme une éclaboussure de sang : —• Sacrebleu ! petiotes chéries, cest plus fort que moi, ça mechauffe encore le coffre, ça me tient là comme au bon temps oùnous galopions derrière le Tondu ! Il avait mieux aimé reprendre létat paternel, travailler laglèbe, gagner en sabots le pain quotidien de sa femme et de sonenfant que dimiter les maréchaux repus dhonneurs et dedouaires, de servir en renégat un nouveau maître, de quémanderune pension de retraite. Les murs de la cuisine et des trois chambres étaient tapissésdimages de colporteur, qui représentaient toute la fabuleusesérie des victoires impériales, des cuirasses bosselées où rayon-naient les aigles, de casques aux longues crinières rudes, delattes géantes. Et dans ratcôve où se dressait la couette de plumes, Jea
Size: 1273px × 1963px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No
Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1880, bookpublisherparis, bookyear1887