. Lettres d'une Péruvienne. pafTer ,que la vérité même nauroit pas euplus de pouvoir. Je te vis , moncher Aza , pâle, défiguré , privéde fentimens, tel quun lis dcfTéchépar la brûlante ardeur du midi. Lettres dune Péruvienne. 65 Lamour efl-il donc quelquefois bar-bare ? Je jouifTois de ta douleur ;je lexcitois par de triftes adieux ;je trouvois de la douceur, peut-être du plaifir, à répandre fur tesjours le poifon des regrets ; ck cemême amour, qui me rendoit fé-roce , déchiroit mon cœur par lhor-reur de tes peines. Enfin, réveilléecomme dun profond fommeil, pé-nétrée de ta propre douleur, tre


. Lettres d'une Péruvienne. pafTer ,que la vérité même nauroit pas euplus de pouvoir. Je te vis , moncher Aza , pâle, défiguré , privéde fentimens, tel quun lis dcfTéchépar la brûlante ardeur du midi. Lettres dune Péruvienne. 65 Lamour efl-il donc quelquefois bar-bare ? Je jouifTois de ta douleur ;je lexcitois par de triftes adieux ;je trouvois de la douceur, peut-être du plaifir, à répandre fur tesjours le poifon des regrets ; ck cemême amour, qui me rendoit fé-roce , déchiroit mon cœur par lhor-reur de tes peines. Enfin, réveilléecomme dun profond fommeil, pé-nétrée de ta propre douleur, trem»blante pour ta vie , je deman-dai des fecours; je revis la lu-mière. Te reverrai-je, toi, cher arbitrede mon exiflence ? Héîas ! quipourra men afTurer ? Je ne faisplus où je fuis; peut-être eft-celoin de toi. Mais diuTions-nous être 64 Lettres dune Pèrvviennï. féparés par les efpaces immenfesquhabitent les enfans du Soleil,le nuage léger de mes penfées vo-lera fans celTe autour de Lettres dune Pérvvibnn£. 65 LETTRE QUATRIEME. \) uel que (bit lamour de lavie, mon cher Aza, les peines lediminuent, le defefpoir léteint. Lemépris que la nature femble fairede notre être, en labandonnant àla douleur, nous révolte dabord ;enfuite limpoflibilité de nous endélivrer nous prouve une infuffc-fance fi humiliante ? quelle nousconduit jufquau dégoût de nous-mêmes. Je ne vis plus en moi, ni peurmoi : chaque inftant où je refpire,efc un faerifice que je fais à tonamour; &, de jour en jour, il de-vient plus pénible. Si le temps ap- 66 Lettres dvse Pervvi porte quelque foulagement à laviolence du mal qui me dévore,il redouble les fouffrances de monefprit. Loin déclaircir mon fort, ilfemble le rendre encore plus ce qui menvironne mefl in-connu ; tout meït. nouveau ; toutintéreiTe ma curiofité, &: rien nepeut la fatisfaire. En vain jemploiemon attention & mes efforts pourentendre , ou pour être entendue :lun & lautre me


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