. Rodin a l'Hotel de Biron et a Meudon. Jai fait la mise au point, dégrossides marbres, des pierres, des ornements, des bijoux chez unorfèvre, certainement trop longtemps. Je regrette davoir perdutant de temps, car tout ce que jai fait alors dans tant deffortsdispersés pouvait être rassemblé vers une belle œuvre. Mais celama servi. Jai donc beaucoup travaillé chez les autres. Ceux quiont été pauvres comme moi, nayant ni secours dÉtat, ni pension,ont travaillé chez tout le monde. « Cela ma fait un apprentissage déguisé ; jai fait, successi-vement, tantôt des boucles doreilles chez un orfèvre, t


. Rodin a l'Hotel de Biron et a Meudon. Jai fait la mise au point, dégrossides marbres, des pierres, des ornements, des bijoux chez unorfèvre, certainement trop longtemps. Je regrette davoir perdutant de temps, car tout ce que jai fait alors dans tant deffortsdispersés pouvait être rassemblé vers une belle œuvre. Mais celama servi. Jai donc beaucoup travaillé chez les autres. Ceux quiont été pauvres comme moi, nayant ni secours dÉtat, ni pension,ont travaillé chez tout le monde. « Cela ma fait un apprentissage déguisé ; jai fait, successi-vement, tantôt des boucles doreilles chez un orfèvre, tantôt desfigures décoratives aux torses de trois mètres. « On sattachait alors à des minuties qui ne signifiaient rien ;on avait le soi-disant respect du travail sans valeur. On travaillaità rebrousse-poil et à contre-sens. « Les pontifes de lArt, de par leur situation, entendaientimposer le respect. Il y avait comme une hiérarchie défendue. « Ces gens qui se disaient les dévots de lart ny A MEUDON. — LA VILLA DES BRILLANTS (A gauche on aperçoit le toit du Hall-Musée) A LHOTEL DE BIRON ET A MEUDON 89 « Jai souffert pour ma sculpture. Si je navais pas été unentêté, je naurais pas fait ce que jai fait. Les artistes ont tou-jours un côté féminin. Carrier-Belleuse avait quelque chose dubeau sang du xviii^ siècle ; il y avait du Clodion en lui ; sesesquisses étaient admirables ; à lexécution, cela se refroidissait ;mais lartiste avait une grande valeur réelle. » « Jai souffert pour ma sculpture ! » Oui, ce mot est exact, ditpar Rodin. Il nous a raconté, maintes fois, dans quel état dedépression il était arrivé à Sèvres, ayant certainement produitdéjà une œuvre qui eût illustré un autre sculpteur ; etlexemple de lindifférence et même du mépris fastueusementaccordés naguère à ses maîtres Carpeaux et Barye, nétait paspour lencourager à la bataille. Mais sa ténacité à lui aussi étaitdéjà obstin


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