Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ans son esprit avec cettenetteté ; mais cétait bien à cela quelle ainsi, aussi durement, aussi bravement,et laisser tant de regret derrière soi, peu defemmes en étaient capables. Elle-mê Le ciel baigné de lune était singulièrementlumineux et profond, et dun bout à lautre dece ciel des nuages curieusement découpés,semblables à des décors, défilaient comme uneprocession solennelle. Le sol blanc névoquaitaucune idée de froid ni de tristesse, car la briseétait tiède, et quelque vertu mystérieuse duprintemps qui venait faisait de la


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . ans son esprit avec cettenetteté ; mais cétait bien à cela quelle ainsi, aussi durement, aussi bravement,et laisser tant de regret derrière soi, peu defemmes en étaient capables. Elle-mê Le ciel baigné de lune était singulièrementlumineux et profond, et dun bout à lautre dece ciel des nuages curieusement découpés,semblables à des décors, défilaient comme uneprocession solennelle. Le sol blanc névoquaitaucune idée de froid ni de tristesse, car la briseétait tiède, et quelque vertu mystérieuse duprintemps qui venait faisait de la neige unsimple déguisement du paysage, nullement re-doutable, et que lon devinait condamné à bien-tôt disparaître. MARIA CIIAPDELAINE 233 Maria, assise près de la petite fenêtre, regar-da quelque temps sans y penser le ciel, le solblanc, la barre lointaine de la forêt, et tout àcoup il lui sembla que cette question quellesétait posée à elle-même venait de recevoirune réponse. Vivre ainsi, dans ce pays, comme. ...une métamorphose auguste et qui marquait combien lamort lavait déjà élevée au-dessus deux (page 220). sa mère avait vécu, et puis mourir et laisserderrière soi un homme chagriné et le souvenirdes vertus essentielles de sa race, elle sentaitquelle serait capable de cela. Elle sen rendaitcompte sans aucune vanité et comme si la ré-ponse était venue dailleurs. Oui, elle serait ca-pable de cela; et une sorte détonnement lui 234 M A K I A C II A P D E L A I N E vint, comme si cétait là une nouvelle révélation inattendue. j Elle pourrait vivre ainsi ; ellenavait pas dessein de le Un peu plustard, quand ce deuil serait fini, Lorenzo Surpre-nant reviendrait des Etats pour la troisièmefois et lemmènerait vers linconnu magiquedes villes, loin des grands bois quelle détestait,loin du pays barbare où les hommes qui sé-taient écartés mouraient sans secours, oii lesfemmes souffraient et agonisaient lon


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