La Lecture . ner du passé, mon-sieur, tout est là, quand on veut évoquer un homme annoté le Mémorial de Sainte-Hélène pour mieux jouer Na-poléon. Jétais donc saturé de Tristan. Je le haïssais en le repré-sentant. Oui, je le haïssais pour mieux le faire haïr. Je suis pourlart militant, lart qui prouve quelque chose. Va donc pour Tristan! Mais, si je jouais Tristan, qui doncjijuerait Louis XI? Je vous le donne en mille! M. Talbot, de luComédie-Française ! Je ne veux pas médire de M. Talbot, qui e&tun homme charmant, adorant son art, dévoué à ses élèves, et quia remarquablement jou


La Lecture . ner du passé, mon-sieur, tout est là, quand on veut évoquer un homme annoté le Mémorial de Sainte-Hélène pour mieux jouer Na-poléon. Jétais donc saturé de Tristan. Je le haïssais en le repré-sentant. Oui, je le haïssais pour mieux le faire haïr. Je suis pourlart militant, lart qui prouve quelque chose. Va donc pour Tristan! Mais, si je jouais Tristan, qui doncjijuerait Louis XI? Je vous le donne en mille! M. Talbot, de luComédie-Française ! Je ne veux pas médire de M. Talbot, qui e&tun homme charmant, adorant son art, dévoué à ses élèves, et quia remarquablement joué VAvare et Triboulet; mais, entre lui etmoi, Courtillier neût peut-être pas dû hésiter. Il savait que javaispioché mon Louis XI jusque dans les Archives. Javais vu Ligierdans les Grands Vassaux. Très bien, Ligier. Un petit, mais trèsbien. Pittoresque, profond. Encore un de ceux (jui simprègnentdu personnage. Mais que voulez-vous? Courtillier avait la supers- BRICHANTEAU 257. tition de M. Talbot. Un sociétaire, vous comprenez ! Et sur Taf- fiche : Sociétaire de la Comédie-Française, cest la moitié de la recette. Par un temps humide et malsain de février, nous ])renions donc gaiement, comme de Lons soldats allant au feu, le train de Compiègne à la gare du Nord, huit heures cinquante-cinq du matin. Bonne causerie en wagon. Échange de vues sur lart et ses destinées, tandis que la vapeur nous emportait en , jallais dire en siCnant, ceût été ironique. Courtillier nous exj)liquait que Thiljouville, le professeur qui, après ^- avoir jiué à lOdéon, était devenu lecteur chez M. de Rothschild, conseillait à ses élèves de se mettre un poids sur lesto-mac et de shaljituer à respirer malgn cet obstacle. Excellente méthode pour arriver à phraser, à réciter une tirade sans la couper. Je sou- •* , tenais, moi, que nulle méthode au *= monde ne vaut rinsi)irati()n, et (]ue le véri-table artiste ne peut jamais savoir, en entr


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