Lettres d'une Péruvienne . de voit fe pafTer,que la vérité même nauroitpas eu plus de pouvoir : je tevis, mon cher Aza, pâle, dé-figuré , privé de fentimens ,tel quun Lys defleché par la Péruvienne. yj brûlante ardeur du Midi. La-mour eft-il donc quelquefoisbarbare ? Je jouilTois de ta dou-leur , je lexcitois par de triftesadieux; je trouvois de la dou-ceur, peut-être du plaifir àrépandre fur tes jours le poi-fon des regrets ; & ce mêmeamour qui me rendoit féroce,déchiroit mon cœur par Phor-reur de tes peines. Enfin, re-veillée comme dun profondfommeil, pénétrée de ta pro-pre douleur, tremblan
Lettres d'une Péruvienne . de voit fe pafTer,que la vérité même nauroitpas eu plus de pouvoir : je tevis, mon cher Aza, pâle, dé-figuré , privé de fentimens ,tel quun Lys defleché par la Péruvienne. yj brûlante ardeur du Midi. La-mour eft-il donc quelquefoisbarbare ? Je jouilTois de ta dou-leur , je lexcitois par de triftesadieux; je trouvois de la dou-ceur, peut-être du plaifir àrépandre fur tes jours le poi-fon des regrets ; & ce mêmeamour qui me rendoit féroce,déchiroit mon cœur par Phor-reur de tes peines. Enfin, re-veillée comme dun profondfommeil, pénétrée de ta pro-pre douleur, tremblante pourta vie , je demandai des fe-cours, je revis la lumière. Te reverrai-je, toi, cherArbitre de mon exiftence ?Hélas ! qui pourra men aiTu-rer? Je ne fçais plus oii je fuis,peut-être eft-ce loin de toi. Giij 78 Lettres dune - - - I IViais dufTions-nous être fépa-rés par les efpaces immenfesquhabitent les enfans du So-»leil, le nuage léger de mespenfées volera fans celTe au-tour de Péruvienne. 79 LETTRE QUATRIÈME. QUel que foit Pamourde la vie, mon cher Aza,les peines le diminuent , ledéfefpoir léteint. Le méprisque la nature fcmble faire denotre être, en labandonnantà la douleur , nous révolted^abord; enfuite limpodibilitéde nous en délivrer , nousprouve une infufïifance fi hu-miliante , qu^elle nous con-duit jufqu^au dégoût de nous-mê Je ne vis plus en moi nipour moi ; chaque infiant oiiJe refpîre, eft un facrifice queje fais à ton amour, & de jour G iiij 8o Lettres dune en jour il devient plus pénible ;fi le tems apporte quelque fou-lagement à la violence du malqui me dévore, il redouble lesfouffranccs de mon efprit. Loindéclaircir mon fort, il fembleîe rendre encore plus ce qui menvironne mefi:inconnu, tout meft nouveau,tout intérefle ma curiofité, &:rien ne peut la fatisfaire. Envain, inemployé mon attention& mes efforts pour entendre,ou pour être entendue j Pun &cPautre me font également im
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