. Lettres d'une Peruvienne . ler defes fentimens , il évite avec une atten-tention marquée de fe rencontrer auprèsde moi ; obligez de nous voir fans cefie >je nai pas encore trouvé loccafion delui parler. A la trifleflè qui le domine au milieude la joie publique , il meil aifé de de-viner quil fe fait violence : peut-être jedevrois lui en tenir compte ; mais jaitant de queftions à lui faire fur ton dé-part dEfpagne, fur ton arrivée ici ; en-fin fur des fujets fi intéreflans que je nepuis lui pardonner de me fuir. Je fensun defir violent de lobliger à me par-ler, & la crainte de réveiller fe


. Lettres d'une Peruvienne . ler defes fentimens , il évite avec une atten-tention marquée de fe rencontrer auprèsde moi ; obligez de nous voir fans cefie >je nai pas encore trouvé loccafion delui parler. A la trifleflè qui le domine au milieude la joie publique , il meil aifé de de-viner quil fe fait violence : peut-être jedevrois lui en tenir compte ; mais jaitant de queftions à lui faire fur ton dé-part dEfpagne, fur ton arrivée ici ; en-fin fur des fujets fi intéreflans que je nepuis lui pardonner de me fuir. Je fensun defir violent de lobliger à me par-ler, & la crainte de réveiller fes plain-tes & fes regrets, me retient. Céline toute occupée de fon nouvelEpoux , ne med daucun fecours , lerefle de la compagnie ne meft point a-gréable ; ainfi , feule au milieu duneaffemblée tumultucufe , je nai damufe-ment que mes penfées, elles font tou-tes L E t T R E XXVIII. 169 tes à toi, mon cher Aza ; tu feras à ja-mais le feul confident de mon cœur, demes plaifirs, & de mon L 5 LET- iasss 1 17c LETTRE XXIX. LETTRE if JAVOIS grand tort, mon cher Aza,de defirer fi vivement un entretienavec Déterville. Hélas ! il ne ma quetrop parlé; quoique je defavoue le trou-ble quil a excité dans mon ame, il neftpoint encore effacé. Je ne fçais quelle forte dimpatiencefe joignit iiier à ma triftefle ée. Le monde & le bruit me devin-rent plus importuns quà lordinaire : juf-quà la tendre fatisfaftion de Céline &de fon Epoux , tout ce que je voyois,minfpiroit une indignation approchantedu mépris. Honteufe de trouver desfentimensfiinjufbes dans mon cœur, jal-lai cacher lembarras quils me caufoientdans lendroit le plus reculé du jardin. A peine métoisje affife au pied dunarbre, que des larmes involontaires cou-lèrent de mes yeux Le vifage caché dans mes mains, jétois enfevelie dans une rê- âk LETTRE XXIX. 171 rêverie, fi profonde, que Déterville étoità genoux à côté de moi avant que je leuf-fe apperçu. Ne vous


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