Le vieux Montmartre . -cens; elle semble presque craindre le grand air etléclatant soleil. Elle habite tout près de léglise,dans un petit appartement aux meubles désuets etfanés, et le soir très vite se hâte vers son logis,comme effarouchée par le bruit de la rue. Le long de la rue du Ghevalier-de-La-Barre, lesbazars dobjets de piété sont alignés; leurs proprié-taires sont aussi des gens de là-haut, les uns, la plu-part même, sont juifs, le commerce na rien à voiravec les croyances. Tous les soirs, ils bouclent lesvolets de leurs étalages et rentrent chez eux en son-geant à largent quils ont g


Le vieux Montmartre . -cens; elle semble presque craindre le grand air etléclatant soleil. Elle habite tout près de léglise,dans un petit appartement aux meubles désuets etfanés, et le soir très vite se hâte vers son logis,comme effarouchée par le bruit de la rue. Le long de la rue du Ghevalier-de-La-Barre, lesbazars dobjets de piété sont alignés; leurs proprié-taires sont aussi des gens de là-haut, les uns, la plu-part même, sont juifs, le commerce na rien à voiravec les croyances. Tous les soirs, ils bouclent lesvolets de leurs étalages et rentrent chez eux en son-geant à largent quils ont gagné. Une boutique plusgrande est au coin de la rue ; les gens qui lhabitentsont de très anciens montmartrois, Qui dira tous les pèlerinages drainés de tous lescoins de Fiance et les innombrables fidèles qui sontvenus dans cette petite rue, dont les gros pavés 78 LE VIEUX MONTMARTRE théorie des gens venus de loin monte vers le Sacré- résonnent sous un continuel piétinement. La longue vers 1(. La fruiterie. Cœur, et tout sapprête à les recevoir. Ce petit coinde la Butte a des allures de kermesse et dexposi- LE VIEUX MONTMARTRE 79 tion universelle. Toute une population en vit. Déjàsur les marches, le long du funiculaire, des mendiantssont installés; des pancartes accrochées racontentles maux dont ils ont souflert et les infirmités dontils sont atteints et qui les font vivre. On donne à ces malheureux quelques sous, onmonte quelques marches, et sitôt on est agrippé parles marchands de souvenirs insignifiants et de bibe-lots sans valeur. Ils savent leur métier. Ils sappro-chent, très dignes, malgré leurs mines peu enga-geantes qui tiennent à la fois de celles du marchand debillets et du camelot, vendeur de cartes postales obs-cènes; ils vous tendent une carte illustrée, un petitchef-dœuvre : une cloche dorée chevauche le dômedu Sacré-Cœur, le tout entouré dun ruban tricolore. On ne peut refuser, ils 1 offrent en souvenir,pour rien,


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