Le vieux Montmartre . dra bien les prévenir, sil arrive unclient — sur le pas des portes pérorent les commèresen tablier, les bonnes ménagères parlent du repasquelles préparent, dautres racontent les dernièreshistoires. Une nouvelle circule, la mère Grojeanvient daccoucher, « même que son homme estsaoul », la concierge de la maison voisine arriveindignée, son balai à la main; elle a trouvé sous sonescalier le gosse du fruitier « qui essayait de fauteravec la petite du troisième au lieu daller à lécole »,et ce sont des commentaires infinis, où la Véritécraignant de paraître trop nue se pare des
Le vieux Montmartre . dra bien les prévenir, sil arrive unclient — sur le pas des portes pérorent les commèresen tablier, les bonnes ménagères parlent du repasquelles préparent, dautres racontent les dernièreshistoires. Une nouvelle circule, la mère Grojeanvient daccoucher, « même que son homme estsaoul », la concierge de la maison voisine arriveindignée, son balai à la main; elle a trouvé sous sonescalier le gosse du fruitier « qui essayait de fauteravec la petite du troisième au lieu daller à lécole »,et ce sont des commentaires infinis, où la Véritécraignant de paraître trop nue se pare des imagesdun beau langage et dépasse parfois la vraisem-blance. Place du Tertre, des gosses jouent à des jeux trèscompliqués, des petites filles maigres aux yeuxeffrontés sautent à la corde près des bancs de pierre. LE VIEUX MONTMARTRE Ces quatre bancs meublent cette place carrée plantéedacacias au feuillage dun vert acide; tout autourles vieilles maisons aux tons chauds, jaunes ou rou-. geâtres, enfumées et pittoresques, ont des airs pla-cides et tranquilles. Petites boutiques où Ton vendde la mercerie, quelques journaux, des bonbons etde lépicerie, boulangerie; un groupe de vieux ren-tiers causent au bureau de tabac. Létalage de la 4 LE VIEUX MONTMARTRE fruiterie fanfaronne en vives couleurs : le vert clairdes feuilles des choux et des salades, fait éclater lerouge des carottes et des cerises, lor des petitsoignons. La rue Norvins se contourne et en planches, lauberge dAdèle; la devanturedun coiffeur est peinte eu vert pâle ; lImpasseTraînée en face, semble une cour de village, et enpente, gondolée en tous sens, sétend la place Jean-Baptiste Clément, dont on a démoli les curieusespetites baraques en bois, tandis que se dresse unpoteau surmonté dune grande plaque émaiilée oùlon peut lire : ATTENTION DERRIÈRE CaœS PLANCHES IL Y A PRÉCIPICES ET DANGER DE MORT. DONC PRUDENCE CAMIONNEURS RALENTISSEZ SERREZ LES FRE
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