Mœurs, usages et costumes au moyen âge et à l'époque de la renaissance . ain. Chacun y vivoit dans unegrande licence, personne ny avoit ni foi ni Il est vrai quen appa-rence, ils (les gueux) sembloient reconnoître un Dieu; pour cet effet, ilsavoient dressé, dans une grande niche, une image de Dieu le Père, quilsavoient volée en quelque église et où tous les jours ils venoient adresserquelques prières; mais ce nétoit, en vérité, quà cause que superstitieusementils simaginoient que par là ils sétoient dispensés des devoirs dus par leschrétiens à leur pasteur et à leur paroisse, même de


Mœurs, usages et costumes au moyen âge et à l'époque de la renaissance . ain. Chacun y vivoit dans unegrande licence, personne ny avoit ni foi ni Il est vrai quen appa-rence, ils (les gueux) sembloient reconnoître un Dieu; pour cet effet, ilsavoient dressé, dans une grande niche, une image de Dieu le Père, quilsavoient volée en quelque église et où tous les jours ils venoient adresserquelques prières; mais ce nétoit, en vérité, quà cause que superstitieusementils simaginoient que par là ils sétoient dispensés des devoirs dus par leschrétiens à leur pasteur et à leur paroisse, même dentrer dans léglise, quepour gueuser et couper des bourses. » Paris, capitale du royaume des gueux, nétait pas la seule ville qui pos-sédât des Cours des Miracles, car on retrouve çà et là, à Lyon notammentet à Bordeaux, quelques traces de ces refuges privilégiés de la gueuserie etde la matoiserie, qui florissaient alors sous le sceptre du grand Coesre; ajou-tons que Sauvai affirme, sur le témoignage de gens dignes de foi, quil y BOHÉ Fig. 379. — Cour des Miracles de Paris. Talebot le Bossu, illustre polisson, au dix-septième sièès une ancienne gravure du Cabinet des estampes, à la Bibl. imp. de Paris. avait à Sainte-Anne dAuray, lieu de pèlerinage, le plus saint de la Bre-tagne, placé sous la surveillance de Tordre des Carmes réformés, un grandpré nommé le Pré des Gueux, parce quil était couvert de cabanes faites de MŒURS (A). 64 5o6 MŒURS ET USAGES. branches et de terre, où se rendait tous les ans, aux principales fêtes solen-nelles, le grand Coesre, avec ses officiers et ses sujets, pour « tenir sesétats », cest-à-dire pour couper des bourses et dérober. A ces états pério-diques, qui ne sétaient pas toujours tenus à Sainte-Anne dAuray, tout lepersonnel de la monarchie argotique était présent et rendait hommage à sonseigneur et maître. Ceux-ci lui payaient les tributs auxquels ils étaient obli-


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