. Les Fiancees Merveilleuses . dans la nuit, plus tendre quele chant du rossignol, tendre comme une voix. Voici, pendant que Ramadour joue, que la pelousetout à lentour semble une minuscule mer aux flots soudainsoulevés par la brise; de petites vagues se dressent etdemeurent sans retomber, une plus grosse devant le Prince. Et de ces bosses, des têtes fines sortent, puis de petitscorps souples, gnomes, lutins, vêtus de fourrure brune,belle comme du velours génois, clignant leurs yeux mali-cieux. Lun deux, le plus grand, celui qui sort du sol devantRamadour, le salue. « Joue encore, Prince, fait


. Les Fiancees Merveilleuses . dans la nuit, plus tendre quele chant du rossignol, tendre comme une voix. Voici, pendant que Ramadour joue, que la pelousetout à lentour semble une minuscule mer aux flots soudainsoulevés par la brise; de petites vagues se dressent etdemeurent sans retomber, une plus grosse devant le Prince. Et de ces bosses, des têtes fines sortent, puis de petitscorps souples, gnomes, lutins, vêtus de fourrure brune,belle comme du velours génois, clignant leurs yeux mali-cieux. Lun deux, le plus grand, celui qui sort du sol devantRamadour, le salue. « Joue encore, Prince, fait-il, et nous tobéirons. )) Ramadour reprend son instrument et, par milliers, dusol les petits gnomes fourrés sortent de toutes parts. (( Avec mon armée de puisatiers, incomparables creu-seurs, je veux, moi, prince de la Taupinière, te conduire,mon cousin, où ton désir te pousse. Souviens-toi du sou-terrain de la reine Bancroche; souviens-toi de la conditionquelle timposa pour ton mariage avec la douce Argirose. 30. ARGIROSE ET RAMADOUR — Je lui dois montrer un trésor pareil au sien. — Plus une pièce dor. — La pièce d*or, je la possède. — Il te faut rencontrer un trésor pareil au sien,égal, semblable, identique; eh — Ah! jai compris », sécrie alors joyeusementRamadour illuminé. Ramadour, le cœur gonflé despoir, se met de nouveauà jouer de sa flûte. C est un autre air maintenant, unesorte de marche guerrière. Cest la marche des conspira-teurs dans lombre, des assaillants qui, dans la nuit, ram-pent pour surprendre lennemi dans le sommeil. « Il faut parfois des voies obscures pour les buts lesplus nobles )), songe Ramadour. Il joue, et larmée des rongeurs sest attaquée à laterre; un trou se creuse, sélargit, sagrandit, ée savance, se terre, senfouit, rejetant en poussièrele terrain derrière soi, et Ramadour la suit, jouant lamarche terrible. Dans la nuit, on entend le grifîement ininterrompu desongles creuseurs et


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