Théophile Gautier . venir du plaisir que vous mavez donné. « Charles Baudelaire. » De temps en temps, en se cachant de la mère, Estelleet Judith faisaient une escapade. Elles allèrent une foisjusquà Courbevoie, conduites par leur père, boire duratafia sur lecomptoir dunmarchand de vins,attendant toustrois que des rou-liers qui consom-maient fussentpartis. « Mon père ris-que timidement : « — Trois rata-fias, sil vousplaî ^( Lhomme nousregarde avec desyeux ronds; il netrouve pas toutde suite à quellecatégorie socialenous apparte-nons : mon père dans son complet du matin, en velours Montagnac
Théophile Gautier . venir du plaisir que vous mavez donné. « Charles Baudelaire. » De temps en temps, en se cachant de la mère, Estelleet Judith faisaient une escapade. Elles allèrent une foisjusquà Courbevoie, conduites par leur père, boire duratafia sur lecomptoir dunmarchand de vins,attendant toustrois que des rou-liers qui consom-maient fussentpartis. « Mon père ris-que timidement : « — Trois rata-fias, sil vousplaî ^( Lhomme nousregarde avec desyeux ronds; il netrouve pas toutde suite à quellecatégorie socialenous apparte-nons : mon père dans son complet du matin, en velours Montagnac gris-ardoise, coiffé dun bonnet à pattes, pareil à celui duDante; nous deux, nu-tète, avec notre teint mat Il doit conclure que nous sommes des modèlesou des « Mon père, très enhardi (il ny a plus personne dans lecabaret), sécrie : « — Encore une tournée ! « Il paie, et nous faisons une sortie majestueuse. rt Très amusés de notre escapade, nous rentrons, en. Pastel, par Théophile Gautier. 134 THÉOPHILE GAUTIER sourdine, par le jardin, et la maman ne se doute derien (1)... » La vie de famille tournait dailleurs tout entière autourdu père, dans la petite maison de Neuilly. Les soirs où lon allait à quelque première représen-tation, une calèche de louage sarrêtait devant la porte,et Gautier montait dans cette voiture qui lamenait àParis avec sa femme et ses filles, le plus souvent. Il naimait guère le théâtre. Il lui arrivait de sendormirau fond de sa loge, pendant que le traître du mélodramese faisait surprendre sur la scène par quelque noble per-sonnage outragé, et lorsque Toto, son fils, essayait deléveiller, Gautier proférait à son adresse une bordée deces formidables injures qui viennent naturellement auxlèvres des héros de Rabelais ou des marchandes de mouluequi se disputaient sur le Petit Pont avec des bacheliers, àce que raconte Bonaventure des Perriers. Lorsque Estelle et Judith laccomp
Size: 1455px × 1718px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No
Keywords: ., booka, bookcentury1900, bookdecade1900, bookidthophilegauti00larg