. Revue des deux mondes. voyait plus clair que lui du cœur et des yeux, sécria entombant sans force sur le rebord de la croisée : Cest Jacques ! cestton fils ! Le vieux héraut descendit en toute hâte, se demandant silétait possible que son fils, le graveur de niaiseries, revînt en équi-page. Il lembrassa gravement, et, après la première étreinte, ilsempressa de voir si les armes de Callot étaient peintes sur le car-rosse. Il mit ses lunettes, et découvrit avec une joie orgueilleuse leblason de son fils : cinq étoiles formant une croix, « la croix du tra-vail, a-t-on dit, car les étoiles indiqu


. Revue des deux mondes. voyait plus clair que lui du cœur et des yeux, sécria entombant sans force sur le rebord de la croisée : Cest Jacques ! cestton fils ! Le vieux héraut descendit en toute hâte, se demandant silétait possible que son fils, le graveur de niaiseries, revînt en équi-page. Il lembrassa gravement, et, après la première étreinte, ilsempressa de voir si les armes de Callot étaient peintes sur le car-rosse. Il mit ses lunettes, et découvrit avec une joie orgueilleuse leblason de son fils : cinq étoiles formant une croix, « la croix du tra-vail, a-t-on dit, car les étoiles indiquaient les veilles de Callot et sesespérances de gloire. » Un peu fatigué de ses courses vagabondes, Callot résolut de finirses jours à Nancy; il acheta une maison et se maria. On ne dit riende sa femme Catherine Kuttinger, sinon quelle était veuve et quelleavait une fille. Ce devait être à coup sûr un mariage de raison. Apeine marié, il devint très dévot; il assista à la messe tous les matins. 962 HEVUE DES DEUX MONDES. et passa tous les soirs une heure en prières. Etait-ce pour remercierDieu de lui avoir donné une bonne femme? Était-ce pour se con-soler dun triste mariage? 11 se remit à lœuvre, mais adieu les follesinspirations, adieu la satire et la gaieté! Sil lui revient quelquesélans de ses beaux jours, cest que la nature la plus éteinte reprendencore çh et là des étincelles. Son burin naborda plus que des sujetsreligieux ou des sujets sévères. Son talent, comme tous les talens originaux, avait partout du re-tentissement; à Paris, à la cour même, on admirait ses prodigieusesfantaisies. Le roi Louis XIII, près de partir pour le siège de La Ro-chelle, appela le graveur lorrain dans sa suite en disant que celui-làseul était digne dimmortaliser ses victoires. Jacques Callot, un peurevenu des vanités humaines, plus touché de la gloire de Dieu quede celle des hommes, obéit avec quelque regret; car comment irait-il à la messe l


Size: 1332px × 1875px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1840, bookidrevu, bookpublisherparissn