. Contes roses . et de nouveau régna laffreuse nuit du puits. Une fatigue délicieuse lenvahit, comme une somnolence de lâmeet du corps; il ferma les yeux, perdit conscience : ses mains souvrirent,lâchèrent prise, et tout dune masse il croula dans labî terrible fracas deau qui souvre, un creux béant doù jaillissentdes trombes écumantes, une pluie de gouttelettes crépitant, monotone,puis à nouveau le silence; londe refermée, sa surface plissée de rides,cernée de grands ronds paisibles qui séloignent, fuient, gagnent Jean lOurs était tombé dans un lac profond! Sa chair


. Contes roses . et de nouveau régna laffreuse nuit du puits. Une fatigue délicieuse lenvahit, comme une somnolence de lâmeet du corps; il ferma les yeux, perdit conscience : ses mains souvrirent,lâchèrent prise, et tout dune masse il croula dans labî terrible fracas deau qui souvre, un creux béant doù jaillissentdes trombes écumantes, une pluie de gouttelettes crépitant, monotone,puis à nouveau le silence; londe refermée, sa surface plissée de rides,cernée de grands ronds paisibles qui séloignent, fuient, gagnent Jean lOurs était tombé dans un lac profond! Sa chair sous le coup de fouet des vagues se ranima, se défenditdinstinct contre la noyade; ses bras et ses jambes sagitèrent; il sedébattit. Enfin, au contact de cette fraîcheur glacée trempant son corps. 78 CONTES ROSES DE MA MERE-GRAND. il reprit connaissance, et, se sentant couler, il se mit à nager de toutesses forces. Bientôt sa tête émergea; il ouvrit les paupières, et demeura é Autour de lui, cétait le jour : une douce lumière, venant dequelque point mystérieux ouvert sur le ciel, répandait son exquise clartésur un paysage enchanteur. Au bord du lac un château sélevait, campantson pied de marbre blanc dans le velours dune prairie qui étalait sa ver-dure jusquà lhorizon barré par un haut mur de roc. Le site tout entierétait enfermé dans une immense grotte dont lœil apercevait à peineles limites. Il régnait sous cette voûte une molle tiédeur; pas un soufflenagitait lair où stagnait le parfum subtil des Heurs éparses au grédes pelouses. Jean lOurs respira à pleins poumons. Son sang, plus vif, circulalibrement en ses veines; son œil étincela : une énergie nouvelle enfié-vrait ses membres. A larges brasses il se dirigea vers le point le plusproche de la côte; et, dès quil eut abordé, il se jeta à genoux pourremercier le Ciel de sa délivrance. XI


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