L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . it, & contribue àlagrément de la vie, autant, ou même plus, quelévidence & la certitude. Dites moi , je vousprie : cet Affamé dévore une faline puante, pour-rie, & à Todeur de laquelle tout autre eil obligéde fe boucher le nez j ce mets lui fem^^le de lAm-brofîe : ne fait - il pas auflî bonne chère que lesDieux ? Au contraire, quand ce friand met dansfon eftomac la viande la plus délicieufe, il ny trou-ve point de goût, cette nourriture lui caufe desnaufées, le provoque à vomir : où eft donc fonbonheur ? Un homme a une femme très laide, 8cfo


L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . it, & contribue àlagrément de la vie, autant, ou même plus, quelévidence & la certitude. Dites moi , je vousprie : cet Affamé dévore une faline puante, pour-rie, & à Todeur de laquelle tout autre eil obligéde fe boucher le nez j ce mets lui fem^^le de lAm-brofîe : ne fait - il pas auflî bonne chère que lesDieux ? Au contraire, quand ce friand met dansfon eftomac la viande la plus délicieufe, il ny trou-ve point de goût, cette nourriture lui caufe desnaufées, le provoque à vomir : où eft donc fonbonheur ? Un homme a une femme très laide, 8cfon mari la trouve parfaitement belle j neft ce pascomme sil avoit époufé une Venus ? Quelque fata un mauvais & pitoyable Tableau : prévenu quecette peinture eft dApelle, ou deZeuxis, les deuxplus fameux Maitres de lAntiquité, il ne fe laflepoint de la regarder & de ladmirer : neft-il pas in-comparablement plus heureux quun autre qui aurapayé chèrement la main de ces célèbres Peintres, 8c DE LA Folie, «Il. & qui ne prendra point tant de plaifir à confîdererleurs ouvrages f Je connois un homme qui a lhonneur de portermon nom : peu après fon mariage, il fit prefent àfa nouvelle époufe de deux Brillans faux. Commeil étoit bon moqueur, il fit accroire à fa femmeque ces bijoux étoient fins, & quils lui avoient coû^ ïtZ LE L O G E coûté une grofle fomme. Or que manquoit-il auplaifir de lépoufe ? Elle manioit ces petits mor-ceaux de verre , elle les examinoit, contente depofleder ce tréfor imaginaire, tout de même quesil eût été réel. Cependant^ le mari sétoit épar-gné une dépenfe confîderable j il jouïflbit de Ter-reur de fa femme, qui lui avoit autant dobligationque fî le préfent eut été magnifique. Mettons les Pèlerins * de lAntre de Platon en Earallele avec les Fous. Les Fous voyent les Om-res 8c les Fantômes ; ils les admirent : mais ilssen tiennent là, & font fort contens. Les Philo-fophes apperçoivent les mêmes objets


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