. Lettres d'une Peruvienne . ecette découverte ; Tefpérance, comme untrait de lumière, a porté fa clarté jufquaufond de mon cœur. Il eft certain que lon me conduit àcette terre que lon ma fait voir, il eftévident quelle ell une portion de ton Em-pire, puîfque le Soleil y répand fes ra-yons bienfaifans*. Je ne fîiis plus dansles fers des cruels Efpagnols. Qui pour-roit donc mempêcher de rentrer foustes loix ? Oui, cher Aza, je vais me réunir àce que jaime. Mon amour, ma rai- fon, * Les Indiens ne connoifToient pas notre hé-mifphére, & croyoient que le Soleil néclairoicque la terre de fes eufans
. Lettres d'une Peruvienne . ecette découverte ; Tefpérance, comme untrait de lumière, a porté fa clarté jufquaufond de mon cœur. Il eft certain que lon me conduit àcette terre que lon ma fait voir, il eftévident quelle ell une portion de ton Em-pire, puîfque le Soleil y répand fes ra-yons bienfaifans*. Je ne fîiis plus dansles fers des cruels Efpagnols. Qui pour-roit donc mempêcher de rentrer foustes loix ? Oui, cher Aza, je vais me réunir àce que jaime. Mon amour, ma rai- fon, * Les Indiens ne connoifToient pas notre hé-mifphére, & croyoient que le Soleil néclairoicque la terre de fes eufans. w, ■48 LETTRE VIII. fon, mes défirs, tout men afTure. Jevole dans tes bras, un torrent de joieferépand dans moname, le pafle séva-nouît, mes malheurs font finis, ils fontoubliés, lavenir feul moccupe, ceftmon unique bien. Aza, mon cher efpôir, je ne tai pasperdu, je verrai ton vifage, tes habits»ton ombre ; je taimerai, je te le dirai àtoi-même : efl-il des tourmens quun telbonheur nefface !. ul LET- LETTRE IX. .49 LETTRE N EU F JE ME. QUe les jours font longs, quand onles compte, mon cher Aza! letems, ainfi que refpace, nefl connu quepar fes limites. Il me femble que nosefpérances font celles du tems ; fi ellesnous quittent, ou quelles ne foient pasfenfiblement marquées, nous nen ap:percevons pas plus la durée que lair quiremplit lefpace. Depuis linftant fatal de notre fepara-tion, mon ame & mon cœur égalementflétris par linfortune, refloient enfeve-lis dans cet abandon total (horreur de lanature, image du néant) les jours sé-couloient fans que jy prifle garde; au-cun efpoir ne fixoit mon attention furleur longueur: à préfent que lefpéranceen marque tous les inftans, leur duréeme paroît infinie ; & ce qui me furprenddavantage , cefl quen recouvrant laY) tran- ; ^ n fr } 50 LETTRE IX. ttanquilité de monerpric, je retrouve enmême tems la facilité de penfer. Depuis que mon imagination eft ou-verte à la joie, une foule de penfées qui
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