L'Art et les moeurs en France . , lHiver^ dans la suite des Saisons :rÉté, une ample femme blonde, nonchalante, deboutsur le seuil dun jardin, au milieu du soleil qui luit danslair, sur le gazon et sur le sable; elle presse mollementune gerbe de roses contre elle, et de son éventail elleombrage son large visage doré comme un frait dansle feuillage; VHiuer en traîne de satin blanc, debout,aux lumières, dans une chambre argentée comme legivre, la gorge étincelante de diamants et, sous les che-veux noirs, les yeux brûlant de lorgueil de la beauté, —telle encore cette admirable figure de la second


L'Art et les moeurs en France . , lHiver^ dans la suite des Saisons :rÉté, une ample femme blonde, nonchalante, deboutsur le seuil dun jardin, au milieu du soleil qui luit danslair, sur le gazon et sur le sable; elle presse mollementune gerbe de roses contre elle, et de son éventail elleombrage son large visage doré comme un frait dansle feuillage; VHiuer en traîne de satin blanc, debout,aux lumières, dans une chambre argentée comme legivre, la gorge étincelante de diamants et, sous les che-veux noirs, les yeux brûlant de lorgueil de la beauté, —telle encore cette admirable figure de la seconde desdeux Baigneuses, émergeant lentement de sa vasquecomme dune grotte marine, pleine dune froide ettranquille volupté, divinement belle, le visage anglo-grec, dune coupe pure et irréprochable, les yeux sou-riants et glauques, les bras de VAphrodite du Capitole,les mains parfaites, ployées sur le marbre avec leursperles deau au bout des ongles, et la chevelure tombantaux épaules, pareille à de lourdes ALFRED STEVENS 257 II Cest par son côté humain, par la spécialité de sonsujet, que lœuvre dAlfred Stevens appartient à lhis-toire moderne de la peinture de genre et de mœurs. Dutechnicien et du coloriste, si souvent, du reste, étudiés,cette histoire na pas affaire — mais à la condition debien marquer pourtant que, chez Stevens, le sujet etlexpression restent étroitement subordonnés à la pein-ture et au métier. Sil se plaît à représenter la femme de son temps,cest parce que, avec sa toilette et sa parure, avec sonluxe de meuble et dappartement, elle procure les plusbelles occasions de peindre à son appétit de tons rares etriches et de rendu précieux. Pur peintre, cest de la couleur, chez lui, que toutprocède et que tout dépend. Cest du point de vue de lacouleur quil observe, choisit, compose, invente. Peintrede robes et dintérieurs, il ne copie pas la réalité con-temporaine sans choix, telle quelle, toute faite, en chro-niqueur


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