Maria Chapdelaine : récit du Canada français . quelques champs enserrés parlénorme bois sombre; ou bien, lhiver, fairefondre avec son haleine un peu de givre opaquesur la vitre et regarder la neige tomber surla campagne déjà blanche et sur le Toujours le bois, impénétrable, hostile,plein de secrets sinistres, fermé autour deuxcomme une poigne cruelle quil faudrait des-serrer peu à peu, peu à peu, année par année,gagnant quelques arpents chaque fois au prin-temps et à lautomne, année par année, à tra-vers toute une longue vie terne et dure. Non, elle ne voulait pas vivre comme


Maria Chapdelaine : récit du Canada français . quelques champs enserrés parlénorme bois sombre; ou bien, lhiver, fairefondre avec son haleine un peu de givre opaquesur la vitre et regarder la neige tomber surla campagne déjà blanche et sur le Toujours le bois, impénétrable, hostile,plein de secrets sinistres, fermé autour deuxcomme une poigne cruelle quil faudrait des-serrer peu à peu, peu à peu, année par année,gagnant quelques arpents chaque fois au prin-temps et à lautomne, année par année, à tra-vers toute une longue vie terne et dure. Non, elle ne voulait pas vivre comme cela. —Je sais bien quil faudrait travailler fortpour commencer, continuait Eutrope, mais vousêtes vaillante, Maria, et accoutumée à louvrage,et moi aussi. Jai toujours travaillé fort; per-sonne na pu dire jamais que jétais lâche, etsi vous vouliez bien me marier ça serait monplaisir de peiner comme un bœuf toute la jour-née pour vous faire une belle terre et que noussoyons à laise avant dêtre vieux. Je ne prends. Maria Chapdelaine — Plaisante à voir, saine et forte, habileà. toutes les besognes de la maison et de la terre (page 182). J8é MAKIA CHAPDELAINE pas de boisson, Maria, et je vous Sa voix trembla et il étendit la main vers leloquet à son tour, peut-être pour prendre samain à elle, peut-être pour lempêcher douvrirla porte et de rentrer avant davoir donné saréponse. —Lamitié que jai pour ça ne peutpas se Elle ne répondait toujours rien. Pour ladeuxième fois un jeune homme lui parlait da-mour et mettait dans ses mains tout ce quilavait à donner, et pour la deuxième fois elleécoutait et restait muette, embarrassée, ne sesauvant de la gaucherie que par limmobilitéet le silence. Les jeunes filles des villes leussenttrouvée niaise; mais elle nétait que simple etsincère, et proche de la nature, qui ignore lesmots. En dautres temps, avant que le mondefût devenu compliqué comme à présen


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