Le vieux Montmartre . est là, blottie commeune toute petite chose, nest pas toujours celle quonvoudrait, et, lentement, on sombre dans une infinienavrance sans avoir la force et le courage de sarra-cher à cette ambiance et daller vers les lumières. Cest alors que doucement sinsinue le grand désirde partir, vers dimprobables pays de rêves enchan-tés et les drogues sont là toutes préparées. Léther froid et brutal comme une lame dacier faitsursauter et vous pénètre presque douloureusementjusquau fond de lêtre. Des cloches argentines son-nent à toute volée, Un grand ciel très bleu a surgiau-dessus


Le vieux Montmartre . est là, blottie commeune toute petite chose, nest pas toujours celle quonvoudrait, et, lentement, on sombre dans une infinienavrance sans avoir la force et le courage de sarra-cher à cette ambiance et daller vers les lumières. Cest alors que doucement sinsinue le grand désirde partir, vers dimprobables pays de rêves enchan-tés et les drogues sont là toutes préparées. Léther froid et brutal comme une lame dacier faitsursauter et vous pénètre presque douloureusementjusquau fond de lêtre. Des cloches argentines son-nent à toute volée, Un grand ciel très bleu a surgiau-dessus darbres en fleur; on a soi-même limpres-sion dêtre infiniment raffiné dans cet irréel nerfs seuls vivent et shypertrophient, la moin-dre sensation se multiplie et sexagère. LE VIEUX MONTMARTRE 91 On découvre dans un air de musique, dans unpoème déclamé, de subtiles beautés quon ne con-naissait pas. Un baiser est une chose inimaginable,on est empli dune immense sympathie pour les. LEther. gens qui sont là, mais les voir disparaître ne cause-rait aucun chagrin, et puis, parfois aussi, se dres-sant dhoiribles cauchemars, des sonneries assour-dissantes tintent aux oreilles, des points noirs se croi-sent, se mêlent, se multiplient, lobscurité sépaissit 92 LE VIEUX MONTMARTRE et lon sombre en tournoyant dans un gouffre sansfond. ... Une main amie et secourable tend à nouveaule tampon glacial et de toute sa force on respire, pourpartir à nouveau vers des pays enchanteurs. Ou bien encore sur le plateau de laque, on disposeavec soin la fumerie dopium. Les petits pots de laprécieusedrogue sont correctement alignés à côté desvases et des soucoupes de porcelaine chinoise. Aubout de la longue épingle, sur la flamme de la petitelampe, lopium, à la bonne senteur dherbes grilléeset odoriférantes, grésille et se boursoufle, et puis levoilà collé au foyer de la pipe. Etendu sur les nattesdures, la tète sur le coussin de crin ou de bois,


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