La nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux amans, habitans d'une petite ville au pied des Alpes; recueillies et publiées par . ni par menaces je ne pus en-voyer coucher un feul domeftique. Ainfitoute la maifon refla fur pied cette nuit avecune telle impatience , quil y avoit peu defcs habitans qui neulTent donné beaucoupde leur vie pour être à neuf heures dumatin. Jentendis durant la nuit quelques allées& venues qui ne malarmerent pas : mais furle matin que tout étoit tranquille, un bruitfourd frappa mon oreille. Jécoute , je croisdilèinguer des gémiiTcmens. Jaccours, jentre,jouvre le


La nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux amans, habitans d'une petite ville au pied des Alpes; recueillies et publiées par . ni par menaces je ne pus en-voyer coucher un feul domeftique. Ainfitoute la maifon refla fur pied cette nuit avecune telle impatience , quil y avoit peu defcs habitans qui neulTent donné beaucoupde leur vie pour être à neuf heures dumatin. Jentendis durant la nuit quelques allées& venues qui ne malarmerent pas : mais furle matin que tout étoit tranquille, un bruitfourd frappa mon oreille. Jécoute , je croisdilèinguer des gémiiTcmens. Jaccours, jentre,jouvre le rideau .... St. Preux I . . cher !... je vois les deux amies fans mou-vement , & fe tenant embralFécs -, lune éva-nouie , & lautre expirante. Je mécrie, jeveux retarder ou recueillir Ton dernier foupir,je me précipite. Elle nétoit plus. Adorateur de Dieu , Julie nétoit plus ..,Je ne vous dirai pas ce qui fe fit durantquelques licures. Jignore ce que je devinsmoi-même. Revenu du premier laiiîirement,je minformai de Mde. dOrbe. Jappris quilavoit falu la porter dans fa chambre , & Tom. vm. H É L o I s E. VL Part. 211 même ly renfermer : car elle renrroit à chaqueinitanc dans celle de Julie , le jetcoir fur Toncorps, le réchauifoicdu fien , sefForçoic dele ranimer , le prefToit , sy coUoit avecune efpece de rage , lappelloic à grands crisde mille noms paffionnés , & nourriiToit fondéfefpoir de tous ces efforts inutiles. En entrant je la trouvai tout-à-fait horsde fens , ne voyant rien , nentendant rien ,ne connoifTant perfonne , Ce roulant par lachambre en fe tordant les mains & mordantles pieds des chaifes , murmurant dune voixfourde quelques paroles extravagantes , puispoufTant par lon^s intervalles des cris aigusqui faifoient trelTaillir. Sa femme-de-chambreau pied de fon lit confternée , épouvantée ,immobile , nofant fouffler , cherchoit à fecacher delle , & trembloit de tout fon effet les convulfions dont elle étoit agitéeav


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