Le diable amoureux, roman fantastique . nuit, éteint le flambeau qui nous éclai-rait, et voilà les rideaux tirés. Alors avec une voix à la douceur de laquelle laplus délicieuse musique ne saurait se comparer :« Ai-je fait, dit-elle, le bonheur de mon Alvare,comme il a fait le mien ? Mais non : je suis encorela seule heureuse : il le sera, je le veux ; je len-ivrerai de délices; je le remplirai de sciences;je lélèverai au faîte clés grandeurs. Voudras-tu,mon cœur, voudras-tu être la créature la plusprivilégiée, te soumettre avec moi les hommes,les éléments, la nature entière? — 0 ma chère Biond


Le diable amoureux, roman fantastique . nuit, éteint le flambeau qui nous éclai-rait, et voilà les rideaux tirés. Alors avec une voix à la douceur de laquelle laplus délicieuse musique ne saurait se comparer :« Ai-je fait, dit-elle, le bonheur de mon Alvare,comme il a fait le mien ? Mais non : je suis encorela seule heureuse : il le sera, je le veux ; je len-ivrerai de délices; je le remplirai de sciences;je lélèverai au faîte clés grandeurs. Voudras-tu,mon cœur, voudras-tu être la créature la plusprivilégiée, te soumettre avec moi les hommes,les éléments, la nature entière? — 0 ma chère Biondetta! lui dis-je , quoi-quen faisant un peu defforts sur moi-même,tu me suffis : tu remplis tous les vœux de moncœ — Non, non. répliqua-t-elle vivement, Bion- LE DIABLE AMOUREUX. 165 detla ne doit pas te suffire : ce nest pas là monnom : tu me lavais donné : il me flattait; je leportais avec plaisir : mais il faut que tu sachesqui je Je suis le diable, mon cher Alvare,je suis le ». En prononçant ce mot avec un accent dunedouceur enchanteresse, elle fermait, plus quexac-tement, le passage aux réponses que jaurais voulului faire. Dès que je pus rompre le silence : J66 LE DIABLE AMOUREUX. « Cesse, lui dis-je, ma chère Biondetta, ou qui quetu sois, de prononcer ce nom fatal et de me rap-peler une erreur abjurée depuis longtemps. — Non, mon cher Alvare, non ce nétait pointune erreur; jai dû te le faire croire, cher petithomme. ïl fallait bien te tromper pour te rendreenfin raisonnable. Votre espèce échappe à la vé-rité : ce nest quen vous aveuglant quon peutvous rendre heureux. Ah! tu le seras beaucoup situ veux Fètre ! je prétends te combler. Tu con-viens déjà que je ne suis pas aussi dégoûtant quelon me fait noir. » Ce badinage achevait de me déconcerter. Jemy refusais, et livresse de mes sens aidait à madistraction volontaire. « Mais, réponds-moi donc, » me disait-elle. — Eh ! que voulez-vous que


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