Julie, ou La nouvelle HeloiseLettres de deux amans, habitans d'une petite ville au pied des AlpesRecueillies et publiées . gens & furtout le peuple , que la défunte ayant été mifeau cercueil dans fes habits & avec les plus gran-des précautions , elle a été portée & inhuméedans cet état, fans quil fe foit trouvé perfonneafTez hardi pour toucher au voile. fort du plus à plaindre eft davoir en-core à confoler les autres. Cefl ce qui me refteà faire auprès de mon beau-pere , de Mad*.dOrbe , des amis ,• des parens , des voifms , &de mes propres gens. Le refte neft rien , maismon vieux ami ! mai


Julie, ou La nouvelle HeloiseLettres de deux amans, habitans d'une petite ville au pied des AlpesRecueillies et publiées . gens & furtout le peuple , que la défunte ayant été mifeau cercueil dans fes habits & avec les plus gran-des précautions , elle a été portée & inhuméedans cet état, fans quil fe foit trouvé perfonneafTez hardi pour toucher au voile. fort du plus à plaindre eft davoir en-core à confoler les autres. Cefl ce qui me refteà faire auprès de mon beau-pere , de Mad*.dOrbe , des amis ,• des parens , des voifms , &de mes propres gens. Le refte neft rien , maismon vieux ami ! mais Mad«. dOrbe ! il fautvoir lafîliâion de celle-cà pour juger de cequelle ajoute à la mienne. Loin de me favoirgré de mes foins , elle me les reproche ; mesïtttentions lirritent, ma froide triftefle laigrit ;il lui faut des regrets amers femblables auxfieas, & fa douleur barbare voudroit voir toutle monde au défefpoir. Ce quil y a de plusdéfolant efl: quon ne peut compter fur rienavec elle , & ce qui la foulage un moment la 7omc ///. /7. PLinche Xni. Ilu, ôoc. H E L 0 s e 361 dépite un moment après. Tout ce quelle fait,tout ce quelle dit approche de la folie y & fe-roit rifible pour des gens de fens-froid. Jaibeaucoup à fouffrir , je ne me rebuterai jamais.£n fervant ce quaima Julie , je crois lhonorermieux que par des pleurs. Un feul trait vous fera juger des autres. Jecroyois avoir tout fait en engageant Claire à feconferver pour remplir les foins dont la chargeafon amie. Exténuée dagitations, dabftinences ,de veilles, elle fembloit enfin réfolue à revenirfur elle-même , à recommencer fa vie ordinaire,à reprendre fes repas dans la falle à manger. Lapremière fois quelle y vint je fis dîner les en-fans dans leur chambre , ne voulant pas courirle hazard de cet efîai devant eux : car le fpec-tacle des paflions violentes de toute efpece efl:un des plus dangereux quon puifTe offrir aux en-fans. Ces paflions ont toujours dans leurs


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