La Lecture . ses mains, ses pieds, en écartant les épines des ronciers pourle contempler une dernière fois, faisait des gestes dadieu. Desfeuilles mortes tourbillonnaient comme des oiseaux blessés,samassaient autour de lui, le souffletaient, létouffaient, laveu-glaient. Et elle riait ainsi quaprès une comédie, entonnait unrefrain que dautres enfants reprenaient en chœur. Des pas son-naient sur la terre sèche, des pas légers de petites filles et leurvibration se prolongeait dans son cerveau, le martelait commedes coups de maillet. Et tout était fini, tout le monde lavaitabandonné, lavait oublié


La Lecture . ses mains, ses pieds, en écartant les épines des ronciers pourle contempler une dernière fois, faisait des gestes dadieu. Desfeuilles mortes tourbillonnaient comme des oiseaux blessés,samassaient autour de lui, le souffletaient, létouffaient, laveu-glaient. Et elle riait ainsi quaprès une comédie, entonnait unrefrain que dautres enfants reprenaient en chœur. Des pas son-naient sur la terre sèche, des pas légers de petites filles et leurvibration se prolongeait dans son cerveau, le martelait commedes coups de maillet. Et tout était fini, tout le monde lavaitabandonné, lavait oublié sous ce linceul épais de feuilles sècheset en pleurant, il mourait dêtre seul dans ce silence, davoirperdu ce (juil aimait. Miss Burnaby le soignait jour et nuit, avait vieilli de dix ans àlutter contre la fièvre qui le dévorait, à le calmer, à lentendre sedésespérer. Dès que le malade entra en convalescence, que les médecins lepermirent, Liette vint lui tenir compagnie, légayer. I. Kt les (limaiiclius où il Tubligcait à lu nier une ci^arcttc. (la^^ M?.)L. I. — 21 • IV. — 3S 594 LA LECTURE ILLUSTREE Il len remerciait ,sans cesse. Il cherchait la main souple etfraîche de la fillei^V y appuyait sa tête brûlante comme sur unoreiller déliçie^^^ Et un jour, dune voix dolente, sombrée, ilmurmura ; .>i^^^ — Je suis sûr que je nirai pas loin dans la vie, Joujou, quebientôt tu nauras plus à tinquiéter de ton pauvre Et jeveux te laisser tout ce que jai, tout ce que lon meût donnéquand jaurais été grand. — Et il se reprit : — Presque tout, caril faut que notre bonne miss Arabella ait aussi quelque chose,nest-ce pas?... Tu seras riche, tu pourras tacheter des robestant que tu désireras, être coquette, jolie comme Jesais bien que cest ce que tu rê Et quand tu te regarderasdans les glaces, tu te diras que tu dois ce plaisir à ton ami, à tonami des dimanches, ton ami auquel depuis longtemps personnene songer


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