. Gérard Terborch . nest pas encore là que la femmede Terborch apparaît avec ce quelle a de plus pro-fondément charmeur. La voici livrée à elle-même,dans lintimité de son boudoir. Jeune fille ou femme,épouse ou maîtresse, elle y passe de ces momentsoù toute la vie de lâme se ramasse dans un mouvement quelle fait semble résonnerlonguement, comme une note soutenue, dont lesvibrations sélargissent autour delle et lentourentdune atmosphère animée. La femme, à cette heure,devient presquinaccessible. Si on la distrait, on laperd ; toute la beauté inexplicable que lui commu-niquent la so


. Gérard Terborch . nest pas encore là que la femmede Terborch apparaît avec ce quelle a de plus pro-fondément charmeur. La voici livrée à elle-même,dans lintimité de son boudoir. Jeune fille ou femme,épouse ou maîtresse, elle y passe de ces momentsoù toute la vie de lâme se ramasse dans un mouvement quelle fait semble résonnerlonguement, comme une note soutenue, dont lesvibrations sélargissent autour delle et lentourentdune atmosphère animée. La femme, à cette heure,devient presquinaccessible. Si on la distrait, on laperd ; toute la beauté inexplicable que lui commu-niquent la solitude et labandon se dissipe faut la surprendre, à la dérobée. Alors se révèlela plus pure merveille qui se puisse voir. Légère,impalpable, subtile de nappartenir plus quà elle-même, ayant rompu tous les liens que crée lecommerce de la société, elle réalise un rêve vivantet si fugitif, que le bruit le plus menu, un simplecoup daile sur les carreaux, le ferait disparaî FEMME PELANT UNE POMMEMusée Impérial, Vienne — 6i — Tout ce qui lentoure a reçu la vie de sa main ;en frôlant son corps les objets sont devenus partiedelle-même, par le privilège de cet attouchementconsenti. A lendroit où ses regards se sont posés,chaque chose semble reluire pour les lui nest rien quelle nait accordé avec son image,rien qui ne lui serve à se mieux connaître, à semieux voir, à se mieux sentir, à se mieux aimeraussi. Toute chose est à la place que le corps oulesprit lui ont assignée. Un dérangement, survenudans cet ordre, la fait frémir dune colère apeuré que lon ne voit pas est le plus admirable. Si lessentiments se cachent au plus profond de la cons-cience, les objets en lesquels ils se traduisent lemieux se dérobent à leur tour. Malgré lassuranceque personne ne surprendra leur intimité, on lesdissimule néanmoins, avec cette réserve jalousedu cœur qui, même lorsquil se livre, tient encoreson secret dans


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