. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. e dette dont elle dispense rarement. Monsieur Derman suivant lancien usage vou-loit que sa femme partageât toujours son lit, cenétoit vraisemblablement point agir en bonmari, car quoi quil fût jeune et la femme ai-mable, il passoit tranquillement les nuitî àcôté delle sans employer quà dormir le temsquil étoit au lit, il se couchoit toujours après Madame Derman et se levoitavant elle, mais depuis assez long-tems il prehoit toutes les précautionspossibles pour ne point troubler son sommeil ; la belle auroit mieux aiméle voir interrompre agréablement; quitt
. XVIIIe Siècle, Galant et Littéraire. e dette dont elle dispense rarement. Monsieur Derman suivant lancien usage vou-loit que sa femme partageât toujours son lit, cenétoit vraisemblablement point agir en bonmari, car quoi quil fût jeune et la femme ai-mable, il passoit tranquillement les nuitî àcôté delle sans employer quà dormir le temsquil étoit au lit, il se couchoit toujours après Madame Derman et se levoitavant elle, mais depuis assez long-tems il prehoit toutes les précautionspossibles pour ne point troubler son sommeil ; la belle auroit mieux aiméle voir interrompre agréablement; quitte à le reprendre après; mais sonmari navoit garde, soit quun autre objet loccupât, ou que sa tranquilitésur cet article fût lefTet dune possession assez longue pour éteindre en luitous les désirs. Madame Derman fit à sa mère avec qui elle demeuroit, des plaintes de lafroideur de son mari. La mère sensible à cet affront quelle neût pas sup-porté patiemment lorsque son époux vivoit, vouloit faire des reproches. — 78 - à rindifïérent Monsieur Dcrman, sa fille len empêcha, elle communiqua àsa mère le projet quelle avoit formé de jouer à son mari un tour qui pût lepicquer et corriger en même tems ; le projet fut approuvé, et pour lexé-cuter elles mirent dans le lit de la jeune femme une poupée à peu près de sataille et coëflee comme elle ; Monsieur Derman vint se coucher sans faire lemoindre bruit, et content dappercevoir la ressemblance de sa femme, il nesavisa pas de séclaircir si cétoit véritablement elle; ce badinage con-tinua plusieurs nuits de suite que le tranquile mari passa toutes de la mêmefaçon sans sappercevoir du tour quon lui faisoit; enfin un matin la mère etla fille entrèrent dans sa chambre avant quil fut levé, Monsieur Dermansurpris de voir en même tems sa femme en deux endroits, fut bientôt éclaircidu fait par les éclats de rire des deux Dames ; la mère pour prévenir toussoupçons lassura que sa fille av
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