Scènes de moeurs électorales . a désolation de ne pouvoir rien trouver à faire danscette grande ville où toutes les portes lui étaient fer-mées, sauf celles des églises. —Voyons, lui dit le missionnaire, que sais-tu faire ?à quoi pourrais-tu temployer? LItalien ne put quexpliquer ses meilleures inten-tions de faire nimporte quoi pour ne pas mourir defaim. —Ce nest pas un métier, cela, reprit le prê, saurais-tu faire la cuisine? Un Italien, celadoit savoir faire la cuisine? Il se monte justement unchantier des McLaren, à quelques lieues de la mission ;je vais minformer sils ont un c


Scènes de moeurs électorales . a désolation de ne pouvoir rien trouver à faire danscette grande ville où toutes les portes lui étaient fer-mées, sauf celles des églises. —Voyons, lui dit le missionnaire, que sais-tu faire ?à quoi pourrais-tu temployer? LItalien ne put quexpliquer ses meilleures inten-tions de faire nimporte quoi pour ne pas mourir defaim. —Ce nest pas un métier, cela, reprit le prê, saurais-tu faire la cuisine? Un Italien, celadoit savoir faire la cuisine? Il se monte justement unchantier des McLaren, à quelques lieues de la mission ;je vais minformer sils ont un cuisinier; sils nen ontpas, je te fais engager; de cette façon tu auras tou-jours de loccupation pour lhiver ; lété prochain, nousverrons autre chose. Allons, donne-moi ladresse deta pension et prépare-toi à partir au premier appel. LE NOËL DE PIETRO 55 Je me charge de te procurer largent du voyage ; est-cedit?— Pietro retrouva immédiatement toute sa facondeitalienne pour exprimer un remerciement qui venait. du plus profond du cœur. Il indiqua le numéro de sonlogis; et, lalerte ecclésiastique séloignait déjà à gran-des enjambées, avant quil fut revenu de lémotion decette bienfaisante rencontre. 56 LE NOËL DE PIETRO Inutile de dire avec quelle impatience Pietro atten-dit, les jours suivants, larrivée de la missive ès le matin, il guettait le facteur et, quand il levoyait passer sans déposer de lettre, il poussait ungros soupir, et cétait tout. . Enfin, un jour, tandis quil se tenait à la porte dulogis, la chevelure flottant à la brise du vent glacial,la peau brune de son cou solide frissonnant sous labise qui le cinglait par le col entrouvert, cettelettre tant attendue lui fut enfin remise. Ilgrimpa aussitôt sasseoir sur son grabat, pour en prendre connaissance. Elle contenait, avec un billetde chemin de fer pour Labelle, quelques mots bientouchants du brave prêtre, linformant quà la stationune voiture du chantier serait là po


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