Fables de Lessing . ait en trouver un plus grand; Quon ne me taxe nullement Dune vaniteuse pensée ; Jai fait du mal, assurément;Mais jai fait quelque bien, jen vais donner la preuve :Un jour, je men souviens, un jeune et tendre agneau, En bêlant, quitta son troupeau,Et bondit près de moi : bien rude était lépreuve ;Je pouvais létrangler, et je ne le fis pas; Au même instant, à quelques pas, 78 FABLES DE LESSING, Une brebis eut limpudence De me railler avec aigreur; Je pouvais en tirer vengeance, Car elle était sans défenseur ; Hé bien ! je jure par lhonneur, Quun ange, en cette circonstance, A
Fables de Lessing . ait en trouver un plus grand; Quon ne me taxe nullement Dune vaniteuse pensée ; Jai fait du mal, assurément;Mais jai fait quelque bien, jen vais donner la preuve :Un jour, je men souviens, un jeune et tendre agneau, En bêlant, quitta son troupeau,Et bondit près de moi : bien rude était lépreuve ;Je pouvais létrangler, et je ne le fis pas; Au même instant, à quelques pas, 78 FABLES DE LESSING, Une brebis eut limpudence De me railler avec aigreur; Je pouvais en tirer vengeance, Car elle était sans défenseur ; Hé bien ! je jure par lhonneur, Quun ange, en cette circonstance, Aurait eu moins de vrai, dit un renard quil avait fait venir,. Et qui, par sa douce éloquence, Le disposait à bien mourir : Ces faits, qui sont tous à ta , je puis lattester, présens à ma mémoire;Ils eurent lieu, tu dois aussi ten souvenir,Dans le même moment quune obligeante grueCherchait dans ton gosier los dont la pointe aiguëTétianglait de manière à te faire pé LIVRE II. 79 FABLE V. LE TAUREAU. U N taureau vigoureux, entrant à lécurie,Heurta, dun coup de corne, avec tant de furie, Le haut de la porte un peu bas. Quil le fit voler en é, tu vois quel tort sa pétulance entraîne,Sécrie îm jeune veau, se soutenant à peine :Avec moi, conviens-en, crains-tu pareil danger? Va, tu feras mieux de te taire, Répond aussitôt le berger :Que ne peux-tu de même exciter ma colère? Quon entend de gens, en efFet, Se vanter de navoir pas fait Tout le mal quils ne pouvaient faire. 8o FABLES DE LESSING, FABLE VL LES PAONS ET LA CORNEILLE. \g/LELQUES plumes de paons, on connaît leur beauté, Eblouirent les yeux dune jeune corneille; Elle les ramassa; soudain la vanité Lui fit conjecturer quelle ferait merveille En chargeant ses atours dun plumage emprunté. Cette singulière toilette, Comme on le croit, fut bientôt faite;Et la belle courut, dun air tout fanfaron. Se joindre aux oiseaux de ceux-ci, découvr
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