Théophile Gautier . nerie éperdue que dun élogeingénieusement et froidement tourné. « Notre éloquence ne dépassa pas le mutisme, quoique,nous aussi, nous eussions rêvé pendant de longuessoirées aux apostrophes lyriques par lesquelles nousaborderions Hugo pour la première (1) » Grâce à Gérard de Nerval et à Pétrus Borel, Gautier seremit peu à peu, et put prendre part à la conversation. Il y fut sans doute brillant, — nous verrons plus loinquil fut le plus merveilleux, le plus prodigieux des cau-seurs, — Victor Hugo dut être aimable, car il était, lors-quil le voulait, dune séduction inf


Théophile Gautier . nerie éperdue que dun élogeingénieusement et froidement tourné. « Notre éloquence ne dépassa pas le mutisme, quoique,nous aussi, nous eussions rêvé pendant de longuessoirées aux apostrophes lyriques par lesquelles nousaborderions Hugo pour la première (1) » Grâce à Gérard de Nerval et à Pétrus Borel, Gautier seremit peu à peu, et put prendre part à la conversation. Il y fut sans doute brillant, — nous verrons plus loinquil fut le plus merveilleux, le plus prodigieux des cau-seurs, — Victor Hugo dut être aimable, car il était, lors-quil le voulait, dune séduction infinie, et le miraclesaccomplit. La Muse de la peinture navait plus quà prendre ledeuil, Théophile Gautier était désormais poè (1) Th. Gautier, Histoire du Romantisme. DU COLLEGE AU CABINET DE VICTOR HUGO 33 (^»uatre ou cinq mois après cette entrevue, parut, chezI (liteur Charles Mary (1) un petit livre dont la famille deiuteur avait fait tous les frais, et on put lire sur sa cou-. Victor Hugo en de Devéria. verture rose : Poésies de Théophile Gautier, lorsquuncommis de librairie eut ôté les volets de la boutique, cematin de juillet 1830. (1) Passage des Panoramas. 34 THEOPHILE GAUTIER Malheureusement pour le poète et pour son livre àcouverture rose, le ministère Polignac publia le mêmejour, dans le Moniteur, ces ordonnances qui causèrent larévolution de Juillet. Le vent qui faisait claquer les drapeaux rouges étaitpeu favorable à la poésie. Lémeute, cette grande fillepopulaire au chignon de travers et à la gorge houleusedans un corsage sanglant dont les trous laissent voir unepeau splendide de lionne, parcourut la capitale en bat-tant du tambour. Le peuple en armes la suivit ; les pavés des barricadesse dressèrent; des feux de salve balayèrent les rues;Charles X monta dans la vieille berline qui emporte lesrois vers lexil ; le prudent libraire Ch. Mary fît remettreles volets à sa devanture, et les Poésies


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