Gazette des beaux-arts . s portes de son petit théâtre où,surpris, émoustillé, charmé, onvit se produire, rajeunis par lecostume, les compères et les com-mères de la farce suite le théâtre eut un public : on se trouvait là en pays de souvenir ;et comme lartiste avait eu ce quon appelle le bon goût démonder ledétail scabreux, on put sen donner à cœur joie des rigolades quinven-tait sa fantaisie. Cétait bien le vin ou plutôt cétait la bière des anciens,mais coupée deau, pour être servie à tout le monde. Madou taillait sonmanteau dans un de leurs pans, de manière à satisfaire le
Gazette des beaux-arts . s portes de son petit théâtre où,surpris, émoustillé, charmé, onvit se produire, rajeunis par lecostume, les compères et les com-mères de la farce suite le théâtre eut un public : on se trouvait là en pays de souvenir ;et comme lartiste avait eu ce quon appelle le bon goût démonder ledétail scabreux, on put sen donner à cœur joie des rigolades quinven-tait sa fantaisie. Cétait bien le vin ou plutôt cétait la bière des anciens,mais coupée deau, pour être servie à tout le monde. Madou taillait sonmanteau dans un de leurs pans, de manière à satisfaire les plus je ne sais vraiment sil en fut qui lui tinrent rigueur; en ce temps-làplus encore quau nôtre, on devait être désarmé par la rondeur aveclaquelle les sujets étaient traités, la gaieté cordiale des personnages et lafacilité, lentrain de cet amusant crayon. Ces qualités du talent de Madouont toujours été de celles qui rallient les majorités; les foules sontséduites. LE GARDE CHAMPÊTRE EN GO&UETTE. Daprès Madou. MÂDOU. 389 par ce qui se lit et se conçoit aisément; elles désertent les sommets aux-quels des esprits graves sélèvent par la passion dun idéal supé ne trouverait pas chez Madou un trait de grand style, un accent dehaute comédie, une échappée sur lhumanité de Jan Steen et de Molière:cest un improvisateur brillant et qui parle dans une langue intelligible àtous; il na ni le verbe exubérant de lorateur, ni laclarté concentrée du philosophe; il suffit quil parlenettement, sans embrouiller ses mots; le publicreconnaissant acclame en lui son propre esprit. Jen ai assez dit, je pense, pour expliquer lesuccès universel et constant de Madou en a la réunion des qualités moyennes indispensablespour faire accepter jusquaux côtés périlleux de songenre ; il est aimable, discret, enjoué, malicieux,bienséant lors même quil semble toucher à lalicence. Son œuvre est peuplé de
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