Le Monde moderne . de théâtrenest pas faite pour quelques douzainesde délicats fer\euts du symbolisme, dupessimisme ou de tout autre parti prismomentanément à la mode; elle ne peutdonner lillusion de la réalité que par unsystème de conventions, dont les unessont imposées par sa forme même et lesautres par le public. » Effectivement,il a des trésors dindulgence pourcelles-ci ; grossissement des effets, styledénué de finesse, morale banale, per-sonnages artificiels, entorses à la véritéhistorique, respect des préjugés de lafoule, concession à sa sensiblerie. Quelplaisir prendre à une œuvre désho


Le Monde moderne . de théâtrenest pas faite pour quelques douzainesde délicats fer\euts du symbolisme, dupessimisme ou de tout autre parti prismomentanément à la mode; elle ne peutdonner lillusion de la réalité que par unsystème de conventions, dont les unessont imposées par sa forme même et lesautres par le public. » Effectivement,il a des trésors dindulgence pourcelles-ci ; grossissement des effets, styledénué de finesse, morale banale, per-sonnages artificiels, entorses à la véritéhistorique, respect des préjugés de lafoule, concession à sa sensiblerie. Quelplaisir prendre à une œuvre déshonoréepar de pareilles souillures? Faut-ilsétonner après cela que ceux qui réus-sissent au théâtre soient des espritsmédiocres sans culture, sans finesse,sans philosophie des manœuvres habilesdans un métier très spécial, aussispécial que celui d ajusteur ou dhor-loger. La remarque est de M. Jules Lemaitrequi semble dailleurs avoir trouvé lasolution de ce débat. Après avoir, lui. SARCET, PAR LÊANBRE (daprès le Mire) aussi, reproché à M. Sarcey ses préfé-rences pour les auteurs u qui le mettentdedans » et adressé un regret verslépoque lointaine où tous les-Athéniensprenaient le même plaisir à une tragédiede Sophocle ou à une comédie , il constate que jamais le publicna été moins homogène quaujourdhui,jamais la distance plus grande entre lepeuple et les habiles, et il conclut, nonsans malice : « Il faudrait deux esthé-tiques au théâtre, celle des simples elcelle des malins. M. Sarcey a merveil-leusement écrit la première. » Ayant à choisir entre le grand publicet le petit nombre (ce qui ne veut pastoujours dire lélite), M. Sarcey a déli-bérément pris parti. La culture de sonesprit et son indépendance native luiont permis de faire cette option en touteconnaissance de cause. Il ne sauraitregretter davoir préféré la voie qui laamené à lune des plus hautes situationslittéraires de notre temps. C.


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