Fables de La Fontaine . ître !Heureux qui peut ne le connoîtreQue par récit, lui ni ses coups !Quand on en parle devant vousSi la vérité vous offense,La fable au moins se peut souffrir :Celle-ci prend bien lassuranceDe venir à vos pieds soffrir,Par zèle et par temps que les bêtes partaient,Les lions entre autres vouloientEtre admis dans notre non ? puisque leur engeanceValoit la nôtre en ce temps-là,Ayant courage, intelligence,Et belle hure outre comment il en alla : Un lion de haut parentage, En passant par un certain pré, Rencontra bergère à son


Fables de La Fontaine . ître !Heureux qui peut ne le connoîtreQue par récit, lui ni ses coups !Quand on en parle devant vousSi la vérité vous offense,La fable au moins se peut souffrir :Celle-ci prend bien lassuranceDe venir à vos pieds soffrir,Par zèle et par temps que les bêtes partaient,Les lions entre autres vouloientEtre admis dans notre non ? puisque leur engeanceValoit la nôtre en ce temps-là,Ayant courage, intelligence,Et belle hure outre comment il en alla : Un lion de haut parentage, En passant par un certain pré, Rencontra bergère à son gré : Il la demande en mariage. Le père auroit fort souhaité Quelque gendre un peu moins terrible. La donner lui sembloit bien dur : La refuser nétoit pas sûr ; Même un refus eût fait, possible, Quon eût vu quelque beau matin Un mariage clandestin : Car, outre quen toute manière La belle étoit pour les gens fiers, Fille se coiffe volontiers Damoureux à longue crinière. Le père donc ouvertement. LIVRE IV. 61 Nosant renvoyer notre amant, v Lui dit : Ma fille est délicate ; Vos griffes la pourront blesser Quand vous voudrez la caresser. Permettez donc quà chaque patte On vous les rogne ?; et pour les dents, Quon vous les lime en même temps : Vos baisers en seront moins rudes, Et pour vous plus délicieux ; Car ma fille y répondra mieux, 1 Etant sans ces inquiétudes. Le lion consent à cela, Tant son ame étoit aveuglée ! Sans dents ni griffes le voilà, Comme place démantelée. On lâcha sur lui quelques chiens : Il fit fort peu de résistance. Amour! Amour! quand tu nous tiens,On peut bien dire : Adieu prudence ! F A B L E 11. — Le Berger et la Mer. Du rapport dun troupeau, dont il vivoit sans soins,Se contenta long-temps un voisin dAmphitrite. Si sa fortune étoit petite, Elle étoit sûre tout au la fin, les trésors déchargés sur la plageLe tentèrent si bien quil vendit son troupeau,Trafiqua de largent, le mit entier sur leau. Cet


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