. Les facâetieuses nuits du seigneur Strarapole. e, disant : ENIGME Le lieu de ma demeure, et où tousjours jhabiteAinsi quen un palais, est si hault et si grandQue laisle des oyseaux, mesmes celle du vent,Ny sçauroit aborder, tant soit légère et viste. Le seul esprit humain seulement me visite,Et de tous mes secrets le plus secret nature des cieux par moy seule il aprend,Et par moy les dangers à venir il évite. Je favorise, avance et pousse aux grands estatsCeux qui me sont amis, et qui de moy font cas,Et laisse lignorant cropir dedans sa fange. Cest pourquoy bien souvent ler


. Les facâetieuses nuits du seigneur Strarapole. e, disant : ENIGME Le lieu de ma demeure, et où tousjours jhabiteAinsi quen un palais, est si hault et si grandQue laisle des oyseaux, mesmes celle du vent,Ny sçauroit aborder, tant soit légère et viste. Le seul esprit humain seulement me visite,Et de tous mes secrets le plus secret nature des cieux par moy seule il aprend,Et par moy les dangers à venir il évite. Je favorise, avance et pousse aux grands estatsCeux qui me sont amis, et qui de moy font cas,Et laisse lignorant cropir dedans sa fange. Cest pourquoy bien souvent lerreur de ces nyaisDesguise ma grandeur dun masque tant estrangeQue je parois cela que je ne fu jamais. a Vénigme ne signifie autre chose que lastrologie,laquelle est mise en lieu eminent, où avec aisles on nepeut atteindre. » Cet énigme ainsi interprété, Vero-nicque se leva debout, et en ceste sorte donna com-mencement à sa fable. FABLE IV. Fortunin, voulant tuer une mousche, tua son maistre,dequoy, par une plaisanterie, il fut Tay souventesfois ouy dire, excellens^seigneurs, que les péchez qui se com-Imettent insciemment ne sont tantgraves comme les volontaires : de làprovient que Pon pardonne plustost à la rusticité,aux enfans et autres semblables, quà ceux qui sça-vent bien quils font mal. A raison dequoy, mes-tant escheu raconter une fable, mest souvenu dece qui advint au serviteur dun espicier, qui tuason maistre en pensant tuer une mousche qui lefaschoit. En la ville de Ferrare demeuroit jadis un espi-cier assez riche et de bonne maison, lequel avoitun serviteur nommé Fortunin, jeune garçon toutsimple, nyais et de peu dentendement. Or cet I 66 TREIZIÈME NUIT homme, à cause de la grande et excessive chaleurquil faisoit lors, ne failloit jamais à dormir toutesles aprés-disnées, et, tandis quil prenoit son repos,Fortuninne faisoit autre chose que chasser les mous-ches qui le tourmentaient^ affin quil reposast mieuxà son aise. Advint quent


Size: 1565px × 1596px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookdecade1880, bookpublisherparis, bookyear1882