Histoire d'un paysan . ous menions dans la pluie, la boue& la neige ; &, comme aucune réponse ne mar-rivait, je pensais que sans doute le paquet delettres était tombé dans quelque embuscade, caron apprenait à chaque instant de pareilles sur-prises, & ceux qui ne pensaient quau procès duci-devant Louis XVI ne recevaient plus régu-lièrement leurs gazettes. Cétait donc mon idéelorsquun matin, en rentrant de monter magarde, je vois dans lescalier de la caserne unhomme en blouse, & jentends le vieux Sôme mecrier den haut : <i Hé ! Michel^ voilà quelquun qui te de-mande ! » Je regarde, cétait Que


Histoire d'un paysan . ous menions dans la pluie, la boue& la neige ; &, comme aucune réponse ne mar-rivait, je pensais que sans doute le paquet delettres était tombé dans quelque embuscade, caron apprenait à chaque instant de pareilles sur-prises, & ceux qui ne pensaient quau procès duci-devant Louis XVI ne recevaient plus régu-lièrement leurs gazettes. Cétait donc mon idéelorsquun matin, en rentrant de monter magarde, je vois dans lescalier de la caserne unhomme en blouse, & jentends le vieux Sôme mecrier den haut : <i Hé ! Michel^ voilà quelquun qui te de-mande ! » Je regarde, cétait Quentin Murot, le cour-rier de Phalsbourg à Sarreguemines, qui demeu-rait en ce temps près de la porte ne se figurera jamais la joie de revoir quel-quun du pays dans un moment pareil; jauraisvoulu lembrasser à force de satisfaction, & jecriai : « Cest vous, père Murot? Mon Dieu ! est-ceque vous viendriez de chez nous? — Si jen viens, dit-il en riant, parbleu! puis- IV. NOS DRAGONS OMT ÉTÉ A LEVR KtNCGNTKE. (pAGE 135.) îi- 8. Histoire dun paysan. 13^ que japporte quelque chose pour toi. Mais cestencore à lauberge du Soleil; jai mis là ma voi-ture. Je ne pouvais pas trimballer le panier avecmoi, sans savoir où je te trouverais. — Vous avez vu Marguerite? lui dis-je. — Oui, voilà juste huit jours que je lai vuedans sa boutique, avec ton petit frère Etienne ;elle ma tant prié, que je nai pu faire autre-ment que de charger le panier. Attends, dit-il,en passant la main sous sa blouse, jai aussi unelettre. » Et de son gros portefeuille de roulier il tirala lettre, que je reconnus tout de suite à lécri-ture pour être de Marguerite. Alors mon cœurnageait dans la joie. Tous les camarades autourde nous me regardaient. Je voulais lire la lettretout seul, cest pourquoi, malgré mon impa-tience, je la mis dans ma poche, en criant : « Cest bon!... cest bon, père Murot, allonsvoir le panier! » Nous sortîmes ensemble, & sur toute notreroute


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