. La comédie humaine. en apparence coupable de quelquesbonnes fortunes. Lorsque son hôtesse laccusa dêtre ungalantin, il laissa errer sur ses lèvres le gai sourire dubourgeois dont on a flatté le dada. Ses ormoires (il pro-nonçait ce mot à la manière du menu peuple) furentremplies par la nombreuse argenterie de son ménage. Lesjeux de la veuve sallumèrent quand elle laida complai-samment à déballer et ranger les louches, les cuillers àragoût, les couverts, les huiliers, les saucières, plusieursplats, des déjeuners en vermeil, enfin des pièces plus oumoins belles, pesant un certain nombre de mar
. La comédie humaine. en apparence coupable de quelquesbonnes fortunes. Lorsque son hôtesse laccusa dêtre ungalantin, il laissa errer sur ses lèvres le gai sourire dubourgeois dont on a flatté le dada. Ses ormoires (il pro-nonçait ce mot à la manière du menu peuple) furentremplies par la nombreuse argenterie de son ménage. Lesjeux de la veuve sallumèrent quand elle laida complai-samment à déballer et ranger les louches, les cuillers àragoût, les couverts, les huiliers, les saucières, plusieursplats, des déjeuners en vermeil, enfin des pièces plus oumoins belles, pesant un certain nombre de marcs, et dontil ne voulait pas se défaire. Ces cadeaux lui rappelaientles solennités de sa vie domestique. «Ceci, dit-il à ma-dame Vauquer en serrant un plat et une petite écuelledont le couvercle représentait deux tourterelles qui sebecquetaient, est le premier présent que ma fait mafemme, le jour de notre anniversaire. Pauvre bonne! elley avait consacré ses économies de demoiselle. Voyez-vous,. 2.^0 SCÈNES DE LA VIE PRIVEE. madame? jaimerais mieux gratter la terre avec mes onglesque de me séparer de cela. Dieu merci ! je pourrai prendredans cette écuelle mon café tous les matins durant le restede mes jours. Je ne suis pas à plaindre, jai sur la planchedu pain de cuit pour long-temps.» Enfin, madame Vau-quer avait bien vu, de son œil de pie, quelques inscrip-tions sur le Grand-Livre qui, vaguement additionnées,pouvaient faire à cet excellent Goriot un revenu denvironhuit à dix mille francs. Dès ce jour, madame Vauquer,née de Conflans, qui avait alors quarante-huit ans effectifset nen acceptait que trente-neuf, eut des idées. Quoiquele larmier des yeux de Goriot fût retourné, gonflé, pen-dant, ce qui fobligeait à les essuyer assez fréquemment,elle lui trouva fair agréable et comme il faut. Dailleursson mollet charnu, saillant, pronostiquait, autant que sonlong nez carré, des quahtés morales auxquelles paraissaittenir la veuve, et que
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