L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . é ! Vous ne voyez ici quedes ombres 5 que des fantômes, en un mot, vousêtes des fous. Mais pour rrioi? je nai rien vu ^que de réel, que de folide, rien qui ne foit ehê Caverniers ^ de leur côté, qui ne font jamaisfortis du Souterrain , diront en sentre-regardant :Que veut donc dire ce Fou-là ? Sérieufement, facervelle eft démontée. Ainfî en va-t-il du commundes hommes : ce qui tombe le plus fous les fens, oc-cupe le plus leur efprit j ils ne connoiflent presquepoint dautres Etres, que les Etres matériels & fen-fibles. Au contraire, ce
L'Eloge de la Folie : composé en forme déclamation . é ! Vous ne voyez ici quedes ombres 5 que des fantômes, en un mot, vousêtes des fous. Mais pour rrioi? je nai rien vu ^que de réel, que de folide, rien qui ne foit ehê Caverniers ^ de leur côté, qui ne font jamaisfortis du Souterrain , diront en sentre-regardant :Que veut donc dire ce Fou-là ? Sérieufement, facervelle eft démontée. Ainfî en va-t-il du commundes hommes : ce qui tombe le plus fous les fens, oc-cupe le plus leur efprit j ils ne connoiflent presquepoint dautres Etres, que les Etres matériels & fen-fibles. Au contraire, ceux qui fe font dévouez àla pieté, plus un objet a de rapport au corps ^ moinsils en font de cas, étant toujours attachez à b con-^templation des chofes invifibles. Les Mondains font leur première & principaleoccupation, dafnafler du bien: enfuite, ils sap-pliquent à contenter le corps ^ & le dernier foin fereferve pour lamé, dont la plupart ne croyent pointTexiftence, parce quelle neft pasvifîble. Lcsgeni P eîï)-. I embrafez du feu de la Religion prennent une rou-te oppoiee: ils mettent toute leur confiance en Dieu,qui eit le plus fimple des Etres : après lui, & ce- \pendant en lui, ils penient à leur ame, comme àla chofe qui approche le plus de la Divinité. Ils nefe loucient nuliemcnt du corps: non feulement ilsméprifent la fortune, mais même ils la fuyent^ & sils DÉ LA FôttÊ^ Ity sils font obligez par devoir ^ & comme Pères ditfamille, à veiller fur leur temporel, ce neft: quàregret, ce neft quavec dégoût, parce quils ontcomme sils navoient point, parce quils pofTedentcomme ne pofledant point. Il y a encore plufieursautres degrez de différence entre les hommes qui nesoccupent que du corps , & ceux qui fe donnenttout à fait à la pieufe culture de lame : pour mieuxdillinguer ces degrez^ pofons un principe incontef^table. Quoique tous les fentimens de Tame ayerit lîneliaifon nécefîaire avec le corps, il y en a pourtantde deux fortes:
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