Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . -fus i mon ame étoit dans un tumulte univerfel. Je connoif-fois la douleur & le défefpoir ; je les aurois préférés à cethorrible état. Enfin, je puis dire navoir de ma vie éprouvédagitation plus cruelle que celle oij je me trouvai durant cecourt trajet, &c je fuis convaincu que je ne laurois pu fup-porter une journée entière. En arrivant je fis arrêter à la grille, & me fentant horsdétat de faire un pas , jenvoyai le poftillon dire quunétranger demandoit à parler à M. de Wolmar. Il étoit à lapromenade avec fa femme. On les ave


Collection complete des oeuvres de , citoyen de Geneve . -fus i mon ame étoit dans un tumulte univerfel. Je connoif-fois la douleur & le défefpoir ; je les aurois préférés à cethorrible état. Enfin, je puis dire navoir de ma vie éprouvédagitation plus cruelle que celle oij je me trouvai durant cecourt trajet, &c je fuis convaincu que je ne laurois pu fup-porter une journée entière. En arrivant je fis arrêter à la grille, & me fentant horsdétat de faire un pas , jenvoyai le poftillon dire quunétranger demandoit à parler à M. de Wolmar. Il étoit à lapromenade avec fa femme. On les avertit, & ils vinrentpar un autre côté, tandis que, les yeux fichés fur lavenue,jattendois dans des tranfes mortelles dy voir paroître quel-quun. A peine Julie meut-elle apperçu quelle me reconnut. Alinftant, me voir, sécrier, courir, sélancer dans mes brasne fut pour elle quune même chofe. A ce fon de voix jeme fens trelTaillir ; je me retourne , je la vois, je la Milord! ô mon ami!.... je ne puis Adieu. #s^»r?^;.v ^ H E L O I s E. IV. Partie; 55 crainte, adieu terreur, effroi, refpeâ humain. Son regard ,fon cri, fon gefte, me rendent en un moment la confiance,le courage &c les forces. Je puife dans fes bras la chaleur&c la vie, je pétille de joie en la ferrant dans les tranfport facré nous tient dans un long filence étroite-ment embrafles, & ce neft quaprès un fi doux failÏÏTemencque nos voix commencent à fe confondre, &. nos yeux àmêler leurs pleurs. M. de Wolmar ctoit là ; je le favois ,je le voyois ; mais quaurois-je pu voir ? Non , quand lu-nivers entier fe fût réuni contre moi , quand lappareil destourmens meût environné, je naurois pas dérobé moncœur à la moindre de ces careffes, tendres prémices duneamitié pure & fainte que nous emporterons dans le Ciel l Cette première impétuofité fufpendue , Mde. de Wolmarme prit par la main, ôc fe retournant vers fon mari, luidit avec une certaine grâce


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