Gazette des beaux-arts . dOstade, elle nous intéresse au désordre dunepauvre maison rustique, aux aventures du cabaret, à la laideur dun pay-san et de sa commère ; dans lœuvre de Ruisdael, elle nous communiquele sentiment de mélancolie quinspirent aux rêveurs les solitudes boisées;sur le cuivre dun Thomas Wyck, dun Karel Dujardin, elle prête uncharme singulier à la figure du mendiant qui attend laumône, auxmulets qui cheminent en faisant sonner leur sonnette. La gravure àleau-forte sattache même de préférence à tout ce qui est irrégulier,bizarre, inachevé, inattendu, dérangé ou en ruine. Elle


Gazette des beaux-arts . dOstade, elle nous intéresse au désordre dunepauvre maison rustique, aux aventures du cabaret, à la laideur dun pay-san et de sa commère ; dans lœuvre de Ruisdael, elle nous communiquele sentiment de mélancolie quinspirent aux rêveurs les solitudes boisées;sur le cuivre dun Thomas Wyck, dun Karel Dujardin, elle prête uncharme singulier à la figure du mendiant qui attend laumône, auxmulets qui cheminent en faisant sonner leur sonnette. La gravure àleau-forte sattache même de préférence à tout ce qui est irrégulier,bizarre, inachevé, inattendu, dérangé ou en ruine. Elle se plait à expri- GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN. /i27 mer le plâtre dégradé dun vieux mur, le délabrement dun puits où laservante puise de leau, le toit défoncé dune grange où les pigeonsviennent sabattre, la brouette renversée, sur laquelle perchent lespoules, et jusquau fumier de la basse-cour, où les cochons se vautrentavec dé Mais, ô miracle de lart! il nest dans son royaume ni. Eau-foTle dOstade. bêtes immondes, ni monstres odieux, comme dit Boileau, ni émanationsmalsaines, ni fumier fétide. Par lui tout se purifie, et les sensationspénibles deviennent des sentiments agréables; par lui linsignifiant nousattire, linutile nous captive, la laideur peut nous plaire, et lignoblemême, quoique impardonnable, est cependant pardonné. Par exception, il sest rencontré dans lécole française un artiste quia su marier leau-forte avec le style : cest Claude Lorrain. Il est vraique son génie ne sattachait quau paysage. Mais voilà que, par unetransposition sublime, Claude fait descendre lidéal dans les choses : les i28 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. paysages quil a gravés sont étonnants sans bizarrerie, attrayants sansdésordre. Le firmament y est pur, la terre y est heureuse et riante, etsi lon aperçoit la mer, elle est calme, radieuse, à peine frissonnanteaux brises du soir. Lors même que leau-forte, dans les estampes deClaude Lorrain, r


Size: 1442px × 1734px
Photo credit: © The Reading Room / Alamy / Afripics
License: Licensed
Model Released: No

Keywords: ., bookcentury1800, bookpublisherparissn, booksubjectart, bookyear18