Gazette des beaux-arts . nu avec un pinceau, soit en ménageant les copeaux imperceptibles quela pointe du graveur a soulevés en entamant le cuivre. Ces copeaux,appelés barbes, retiennent le noir dimprimeur et produisent à limpres-sion des traînées de salissures imitant les demi-teintes les plus fines, lesplus variées, les plus heureuses. Colorée de ces demi-teintes imprévues,lestampe, sous la main de Rembrandt, devient une sorte de tableaupeint à leau-forte, car il peut tranquilliser telle ou telle partie de sagravure, y faire sommeiller la lumière et y mettre, pour ainsi parler, dusi


Gazette des beaux-arts . nu avec un pinceau, soit en ménageant les copeaux imperceptibles quela pointe du graveur a soulevés en entamant le cuivre. Ces copeaux,appelés barbes, retiennent le noir dimprimeur et produisent à limpres-sion des traînées de salissures imitant les demi-teintes les plus fines, lesplus variées, les plus heureuses. Colorée de ces demi-teintes imprévues,lestampe, sous la main de Rembrandt, devient une sorte de tableaupeint à leau-forte, car il peut tranquilliser telle ou telle partie de sagravure, y faire sommeiller la lumière et y mettre, pour ainsi parler, dusilence. De là ces effets mystérieux au milieu desquels il nous montre GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN. 425 un vieillard plongé dans une lueur nocturne, ou le Christ mort qui des-cend dans la nuit du tombeau. Ainsi, dès que Rembrandt paraît, leau-forte se transforme, elle sen-richit de ressources nouvelles, mais pour nous prouver, par lexemplemême de ce grand maître, que les artifices du métier, les petits secrets,. FAISEUSE DE KOUCK Eau-forte de Rembrandt. les recettes, sont subordonnés à lintention du dessinateur et à songénie, beaucoup plus dans leau-forte que dans la gravure en taille-douce. « En voyant les estampes de Rembrandt, dit un critique forthabile, M. Henri Delaborde, on est plus touché du sens mystérieux deces rêveries passionnées que de la forme sous laquelle elles voyant le Christ guérissant les malades, lEcce liomo, la Résurrectionde Lazare et tant dautres chefs-dÅuvre semblables, qui pourrait blâ-mer le peu de beauté des types et létrangeté des ajustements? Celui-là XXI. 54 /|26 GAZETTE DES BEAUX-ARTS. seul qui commencerait par regarder à la loupe le travail du rayon illu-minant la scène dans les Disciples dEiumaiis. Rembrandt a une manièreimmatérielle, pour ainsi dire. Tantôt il touche, il heurte le cuivre commeau hasard, tantôt il procède par ta


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